Fuite au Liban L'épouse de Carlos Ghosn aussi poursuivie

ATS

7.1.2020 - 10:53

La justice japonaise a émis un mandat d'arrêt à l'encontre de Carole Ghosn, soupçonnée de faux témoignage dans l'enquête japonaise sur son mari Carlos Ghosn. L'ancien grand patron de Renault et Nissan a entre-temps reçu le soutien de Jean-Luc Mélenchon en France.

Ce mandat d'arrêt contre Mme Ghosn intervient alors qu'une demande d'arrestation de Carlos Ghosn a été émise début janvier par Interpol après sa fuite au Liban. L'ancien manager était en liberté sous caution au Japon dans l'attente de son procès pour malversations financières présumées.

Selon un communiqué mardi du parquet de Tokyo, Carole Ghosn est soupçonnée de fausses déclarations devant la justice japonaise en avril 2019, quand elle avait été interrogée sur ses éventuelles rencontres avec une personne dont le nom n'a pas été cité.

Mme Ghosn, le cerveau de la fuite?

Mme Ghosn était en première ligne pour défendre son mari, qui avait été arrêté en novembre 2018 au Japon puis inculpé. Après 130 jours de prison notamment, M. Ghosn avait été libéré sous caution fin avril mais avait l'interdiction de voir ou de contacter sa femme.

Cette interdiction était perçue par la défense de M. Ghosn comme une «punition» pour le démoraliser. Le parquet japonais soupçonnait pour sa part Mme Ghosn d'être entrée en contact avec des protagonistes de l'affaire.

Après la fuite de M. Ghosn du Japon, plusieurs médias ont présenté son épouse comme le cerveau de l'opération. Carlos Ghosn, qui doit tenir une conférence de presse très attendue à Beyrouth mercredi, a toutefois assuré la semaine dernière qu'il avait organisé «seul» son exfiltration.

Soutien de la gauche radicale

Le chef de file de la gauche radicale française, Jean-Luc Mélenchon, a jugé mardi «inacceptable» la «maltraitance à laquelle s'est livrée la justice japonaise» à l'encontre de Carlos Ghosn.

«Je vous le dis clair et net: les droits de l'Homme et les droits de la défense ne s'appliquent pas en fonction de critères de classe», et «M. Carlos Ghosn y a droit comme tous les autres», a réagi le dirigeant du parti La France insoumise sur la radio Europe 1.

«C'est la base de l'humanisme: l'être humain a des droits qui sont des droits non négociables, et ça s'applique à tout le monde», a-t-il insisté. Or «la maltraitance à laquelle s'est livrée la justice japonaise est inacceptable; je le dis pour lui comme je le dirais pour d'autres», a ajouté M. Mélenchon.

«Vous connaissez un être humain qui n'essaie pas de s'échapper quand on le maltraite ? Ca n'existe pas. Alors pourquoi il serait le seul être humain à notre connaissance à qui ça serait indifférent d'être maltraité ?«, a-t-il interrogé.

La charge de Nissan

Le groupe automobile Nissan a pour sa part jugé mardi qu'en se réfugiant au Liban, Carlos Ghosn a commis un acte «extrêmement regrettable» et a bafoué le système judiciaire japonais, dans sa première déclaration officielle sur ce spectaculaire rebondissement.

«Nissan a découvert de nombreux actes d'inconduite imputables à Ghosn au terme d'une enquête interne approfondie», rappelle le groupe qui l'avait dénoncé aux autorités et congédié peu après son arrestation le 19 novembre 2018 pour malversations financières présumées.

Nissan assure qu'existent «des preuves irréfutables de divers actes répréhensibles» de sa part, notamment «des déclarations inexactes sur sa rémunération et un détournement d'actifs de la société à son profit personnel».

Caution pas restituée

Le constructeur japonais, qui a changé de direction depuis début décembre pour solder l'ère Ghosn, continuera à coopérer avec la justice et à poursuivre son ancien patron pour qu'il assume la responsabilité du «préjudice» qu'il lui a causé, selon le communiqué.

Le tribunal de Tokyo a confirmé mardi avoir annulé la libération sous caution de M. Ghosn. Cela signifie que sa caution de 1,5 milliard de yens (plus de 12 millions d'euros) ne lui sera pas restituée.

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