Tribunal pénal fédéralL'ex-employée de Credit suisse exprime sa colère
aula, ats
9.2.2022 - 12:58
Le procès de Credit suisse et de quatre coaccusés a repris mercredi devant le Tribunal pénal fédéral. Lors de son interrogatoire, l'ancienne collaboratrice de la banque a parlé de l'impact de la procédure sur sa santé. La veille, la défense a obtenu que la prescription d'une large partie des faits retenus par l'accusation soit constatée.
Keystone-SDA, aula, ats
09.02.2022, 12:58
ATS
Née et élevée en Bulgarie, cette ancienne sportive d'élite a raconté comment elle avait été engagée en 2001 par UBS en raison de ses contacts dans le milieu sportif. Trois ans plus tard, elle est passée à Credit suisse qui cherchait des collaborateurs connaissant l'Europe de l'Est et parlant bulgare.
Après son départ de Credit suisse en 2010, la conseillère clientèle a rejoint une plateforme qui offre des services à des gestionnaires de fortune indépendants. Elle y travaille toujours, à 20% seulement en raison de la grave maladie dont elle souffre. Comme par le passé, elle est en contact avec des sportifs, essentiellement.
«14 années d'injustice»
La conseillère a indiqué que cette activité la motivait «pour se lever le matin et oublier sa maladie». Elle a élevé le ton lorsqu'elle a évoqué l'évolution de sa santé en parallèle avec la procédure pénale «durant 14 années d'injustice».
L'accusée a souligné que ses clients ne la considéraient pas comme une «banquière»: ils m'avaient vue dans le contexte sportif et m'assimilaient toujours à celui-ci. J'aurais eu l'air ridicule si je m'étais présentée comme une vraie banquière».
Stephan Zenger, président de la Cour des affaires pénales, s'est penché en détail sur la formation et les fonctions de l'ancienne sportive au sein de Credit suisse. Il a constaté que celle-ci avait été promue en 2005 et à nouveau en 2007. L'accusée a souligné que ces avancements n'avaient modifié en rien ses tâches. Elle a indiqué que ses supérieurs étaient alors «très satisfaits».
Formation chez Credit suisse
La prévenue a souligné que la formation était «centrée sur la vente de la banque et de ses services – la conversation et le comportement avec les clients, le code vestimentaire ou encore le secret bancaire». La situation était totalement différente d'aujourd'hui. Le président a cependant relevé qu'elle avait réussi un test de compliance.
La femme a insisté sur le côté sommaire des cours dans ce domaine, qui duraient une heure ou deux, ou étaient prodigués en ligne. Elle a affirmé ne pas se souvenir si le blanchiment était mentionné. En tout cas, elle n'aurait pas suivi de cours spécifique. «On nous disait surtout que le secret bancaire ne devait pas être violé.»
L'ex-collaboratrice ne se rappelle pas avoir été sensibilisée à la problématique des dessous-de-table ou – «en détail» – au blanchiment. «Ces sujets étaient juste évoqués dans le cadre de cours sur la conformité, on nous donnait juste un ou deux cas simples. Ca n'allait jamais aussi loin que la formation sur les marchés, par exemple.»
Le président a ensuite soumis la prévenue à un certain nombre de questions portant sur les règles en vigueur à l'époque afin de tester ses connaissances. Notamment sur la possibilité d'entretenir une relation d'affaires avec des personnes soupçonnées de faire partie d'une organisation criminelle. Ou si le fait qu'un client soit poursuivi serait un indice de blanchiment.
L'ex-employée a insisté sur le fait qu'elle n'avait jamais eu connaissance de la directive interne de Credit suisse évoquant ces critères. À l'époque, elle se serait adressée à ses supérieurs pour savoir comment procéder.