ConjonctureL'inflation au Japon donne signe de vie mais devrait rester faible
afp
18.6.2021 - 14:56
Cela faisait 14 mois que cela n'était pas arrivé au Japon: les prix à la consommation ont augmenté en mai, mais il s'agit d'une hausse bien modeste par rapport à de nombreuses autres économies, et une poussée inflationniste y est exclue.
afp
18.06.2021, 14:56
ATS
Les prix à la consommation ont progressé de 0,1% en mai sur un an (hors produits frais), selon des chiffres officiels publiés vendredi, essentiellement tirés par l'augmentation des prix de l'énergie.
L'évolution était stagnante ou négative depuis avril 2020 et la tendance était même systématiquement déflationniste depuis août dans la troisième économie mondiale.
Toutefois, la Banque du Japon (BoJ), qui court vainement depuis 2013 après un objectif d'inflation de 2%, n'a pas beaucoup varié son discours vendredi.
Le taux de croissance des prix à la consommation «devrait rester autour de 0% à court terme», a estimé la BoJ dans un communiqué.
L'institution monétaire, qui a maintenu inchangée sa politique ultra-accommodante, révisera en juillet ses projections détaillées de croissance et d'inflation.
La Banque du Japon anticipe actuellement une inflation d'à peine 0,1% sur l'exercice 2021/22 démarré le 1er avril, puis de 0,8% pour 2022/23 et 1% pour 2023/24.
Son gouverneur Haruhiko Kuroda s'est toutefois montré relativement optimiste vendredi, grâce notamment aux récents progrès de la vaccination contre le coronavirus au Japon. «Je pense que nous nous dirigeons vers des perspectives meilleures», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Peu «d'inflation de réouverture»
De nombreux autres pays, en particulier les Etats-Unis (+5% sur un an en mai) ou l'Allemagne (+2,5%), connaissent actuellement une forte accélération de l'inflation, sous le double effet de la réouverture de leurs économies après les confinements et le rebond des coûts des matières premières.
Mais «le Japon ne devrait pas connaître une inflation significative liée à la réouverture» de son économie, du fait notamment d'une demande de rattrapage moins importante qu'ailleurs, souligne Tom Learmouth, dans une note de Capital Economics.
La consommation des ménages au Japon était déjà en berne avant la pandémie, notamment du fait d'un relèvement de la TVA dans le pays fin 2019.
Par ailleurs, l'archipel nippon n'a pas connu de confinements stricts durant la crise sanitaire, mais des «états d'urgence» à répétition, reposant sur des règles non contraignantes pour la population, priée simplement d'éviter les déplacements non essentiels.
Beaucoup de commerces sont ainsi restés ouverts, les plus affectés ayant été les bars et restaurants, sommés de fermer en début de soirée depuis janvier puis privés de servir de l'alcool depuis fin avril.
Restrictions persistantes
Le gouvernement va lever à la fin de cette semaine l'état d'urgence pour Tokyo et la plupart des autres départements concernés, tout en maintenant certaines restrictions pour les bars et restaurants jusqu'au 11 juillet.
Les Jeux olympiques, que Tokyo doit accueillir dans un mois, ne devraient pas donner de coup de pouce à l'économie japonaise, les spectateurs étrangers ayant été interdits en raison de la crise sanitaire et le public local s'annonçant réduit.
Les restrictions persistantes et le décollage tardif de la vaccination dans le pays (6% de la population locale est totalement vaccinée à l'heure actuelle) «limitent encore les dépenses des Japonais dans les services» comme le tourisme et les loisirs, souligne Shuji Tonouchi, économiste chez Mitsubishi UFJ Morgan Stanley.
Même si la vaccination accélère depuis le mois dernier, il y a encore «beaucoup d'incertitudes» pour les Japonais, «notamment sur leurs perspectives de revenus futurs», ajoute M. Tonouchi, interrogé par l'AFP.
Quant à la hausse des prix des matières premières, elle n'a pour l'instant qu'un effet limité sur les prix de vente au Japon, selon cet économiste.
Car les entreprises japonaises «n'ont pas l'habitude d'augmenter régulièrement leurs prix» face à des consommateurs très sensibles sur ce point et plutôt habitués à ce que les prix déclinent, explique-t-il, en faisant allusion à la longue phase déflationniste que le Japon a connue entre les années 1990 et 2010.
Sur le long terme, d'autres tendances de fond plombent aussi la vigueur de la consommation, notamment son fort vieillissement démographique: près de 29% des habitants du pays sont âgés de 65 ans et plus.
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