Politique monétaire La BNS campe sur les taux négatifs

ATS

31.10.2019 - 16:46

Sous le feu des critiques, le président de la BNS insiste sur le caractère exceptionnel des taux négatifs, tout en affirmant que le retour à la normale dépendra de la conjoncture globale et des marchés financiers. (archives)
Sous le feu des critiques, le président de la BNS insiste sur le caractère exceptionnel des taux négatifs, tout en affirmant que le retour à la normale dépendra de la conjoncture globale et des marchés financiers. (archives)
Source: KEYSTONE/PETER KLAUNZER

Malgré les vives critiques contre la politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS), cette dernière compte maintenir ses taux directeurs en territoire négatif tant que cela sera jugé nécessaire, a indiqué jeudi son président Thomas Jordan.

«Nous maintiendrons l'intérêt négatif tant que son utilité sera supérieure aux coûts engendrés», a dit sans détour le patron de la banque centrale suisse, selon le texte de son discours prononcé à Berne.

Selon M. Jordan, «l'application d'un taux d'intérêt négatif et la disposition de la BNS à intervenir au besoin sur le marché des changes restent indispensables non seulement pour atténuer les pressions exercées sur le franc, mais aussi pour stabiliser l'évolution des prix et soutenir l'activité économique».

Lors de sa dernière décision de politique monétaire, la BNS a maintenu le taux appliqué aux avoirs à vue à -0,75%, tout comme le taux directeur propre de l'institut d'émission, introduit en juin.

L'institut d'émission a cependant annoncé qu'il adaptera la base de calcul pour le prélèvement auprès des banques commerciales de l'intérêt négatif sur les avoirs qu'elles déposent à la BNS – et qui dépassent un certain montant exonéré – dès le 1er novembre.

Ces ajustements devraient soulager les banques, qui peinent depuis l'introduction en 2015 des taux négatifs.

Critiques de l'ASB

Malgré cette nouvelle mesure, les critiques se font vives à l'égard de la BNS. L'Association suisse des banquiers (ASB) a ainsi récemment estimé que les taux négatifs étaient «ni efficaces, ni nécessaires».

Cet outil a permis de limiter la demande pour le franc, a concédé la faîtière. La monnaie helvétique n'est toutefois plus surévaluée et les prix sont stables, a-t-elle affirmé, jugeant par conséquent que les taux négatifs n'ont plus lieu d'être.

Face à ces critiques, Thomas Jordan a dit être conscient «que l'intérêt négatif constitue un instrument exceptionnel qui peut avoir des effets indésirables». Enfonçant le clou, il a souligné que «les taux d'intérêt négatifs ont un caractère exceptionnel et devraient être appliqués de manière temporaire».

«Je ne suis même pas en mesure de prédire quand un retour à des taux positifs sera possible en Suisse. Ce moment dépendra essentiellement de l'évolution de la conjoncture économique mondiale et de celle des marchés financiers internationaux», a cependant averti M. Jordan.

Mais sans le taux d'intérêt négatif, le franc serait encore plus recherché sur les marchés, car considéré comme valeur refuge. «Une telle situation freinerait considérablement l'économie de notre pays et le chômage connaîtrait une nette progression», a-t-il conclu.

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