Distributions menacées La BNS enregistre une lourde perte sur six mois

ck

29.7.2022 - 14:48

La Banque nationale suisse (BNS) a enregistré un déficit massif au premier semestre. Ce sont surtout les baisses de cours sur les actions et les titres de taux d'intérêt, mais aussi les pertes liées au taux de change qui en sont responsables. Les distributions à la Confédération et aux cantons sont ainsi menacées.

La Banque nationale suisse (BNS) a enregistré un déficit massif au premier semestre.
La Banque nationale suisse (BNS) a enregistré un déficit massif au premier semestre.
KEYSTONE

Concrètement, la BNS affiche une perte de 95,2 milliards de francs pour la période de janvier à juin 2022, comme elle l'a indiqué vendredi. Après une perte de 32,8 milliards au premier trimestre, 62,4 milliards sont venus s'ajouter au deuxième trimestre. Ce chiffre n'est pas tout à fait surprenant – on s'attendait à une perte élevée. Toutefois, le chiffre est encore un peu plus élevé que ce que les économistes avaient estimé au préalable. Il s'agit également de la plus grande perte de la BNS en plus de 100 ans d'histoire.

Interrogée par l'agence Keystone-ATS, la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des finances (CDF) a indiqué vendredi que ce résultat négatif était malheureusement prévisible au vu des turbulences actuelles sur les marchés financiers. Elle rappelle qu'il est connu que les bénéfices de la BNS fluctuent fortement et que les distributions ne peuvent pas être considérées comme allant de soi.

Les chiffres semestriels indiquent que la distribution des bénéfices sera probablement moins importante que ces dernières années. Il est de la compétence et de la responsabilité de chaque canton de tenir compte de la situation, poursuit la CDF. Ce sont toutefois les comptes annuels de la BNS au 31 décembre qui sont déterminants pour la distribution des bénéfices.

Faible évolution

La raison de cette énorme perte est avant tout la faible évolution des marchés financiers internationaux. Sur les réserves élevées de la BNS, qui s'élèvent actuellement à près de 1000 milliards de francs, les moindres mouvements entraînent des gains ou des pertes importants pour la banque nationale.

Les marchés des actions n'ont pas été les seuls à évoluer fortement à la baisse au premier semestre, en raison de la guerre en Ukraine, de la forte hausse de l'inflation et des craintes croissantes de récession. La hausse des taux d'intérêt dans le monde entier a également entraîné de fortes pertes d'évaluation sur les marchés obligataires, auxquelles s'ajoute la faiblesse de l'euro.

Cela s'est traduit au premier semestre par une perte nette de 97,4 milliards sur les positions en devises étrangères. Ce montant se compose de pertes de change de 48,7 milliards sur les titres et instruments de taux (obligations, etc.) et de 44,0 milliards sur les actions et titres assimilés.

Les pertes liées aux taux de change se sont élevées à 10,3 milliards de francs au total. Le résultat a été quelque peu embelli par les produits des intérêts et des dividendes, qui ont totalisé 5,6 milliards de francs.

Petits gains sur l'or

Le stock d'or, dont le volume n'a pas changé depuis des années, a fait l'objet d'un gain d'évaluation de 2,4 milliards. Mais celui-ci a également diminué depuis le premier trimestre (+4,2 milliards). Le résultat sur les positions en francs n'est plus guère pertinent: La banque centrale a encore réalisé un bénéfice de 35,1 millions de francs. Dès que les taux d'intérêt négatifs disparaîtront, ils se tariront complètement.

La BNS a certes souligné, comme à son habitude, que son résultat dépendait principalement de l'évolution des marchés de l'or, des devises et des capitaux. De fortes fluctuations sont donc la règle et il n'est que partiellement possible de tirer des conclusions du résultat intermédiaire sur le résultat annuel.

Il n'est pas encore possible de dire exactement ce que le résultat signifie pour les distributions de la BNS à la Confédération et aux cantons, car celles-ci dépendent uniquement du résultat annuel ou d'un bénéfice au bilan en fin d'année. Mais une chose est sûre: si les marchés financiers ne se redressent pas nettement, les distributions à la Confédération et aux cantons sont gravement menacées.

Réserves de distribution épuisées

Certes, la réserve de distribution pertinente pour les paiements s'élève à un montant élevé de 102 milliards de francs après le résultat annuel 2021. Mais si les marchés financiers ne se redressent pas nettement au cours du deuxième semestre, ces réserves seront bientôt épuisées.

Comme la BNS devrait, selon les économistes de l'UBS, constituer cette année encore des provisions supplémentaires d'environ 10 milliards, elle devrait déjà renoncer à des distributions à la Confédération et aux cantons en cas de perte annuelle d'environ 93 milliards de francs.

Les distributions se font sur la base d'une convention conclue entre la Confédération et la Banque nationale début 2021. Selon cette convention, la distribution des bénéfices se compose d'un montant de base de 2 milliards de francs, qui est distribué à condition qu'il y ait un bénéfice au bilan d'au moins 2 milliards de francs.

S'y ajoutent quatre distributions supplémentaires possibles de 1 milliard de francs chacune, si le bénéfice au bilan atteint 10, 20, 30 ou 40 milliards de francs. L'année dernière, il y a eu une distribution de bénéfices de 6 milliards de francs, dont un tiers a été versé à la Confédération et deux tiers aux cantons.

ck