DésaccordLa Fed peut «attendre» avant de baisser ses taux
ATS
24.6.2025 - 15:30
Le président de la banque centrale des États-Unis (Fed) Jerome Powell considère une nouvelle fois mardi que celle-ci peut «attendre» avant d'abaisser ses taux, en dépit de l'avis contraire d'autres membres et des pressions féroces de Donald Trump.
Le président de la banque centrale américaine, Jerome Powell, avait été propulsé à ce poste par Trump lors de son premier mandat (archives).
sda
Keystone-SDA
24.06.2025, 15:30
ATS
«Pour l'instant, nous sommes bien placés pour attendre d'en savoir plus sur l'évolution probable de l'économie avant d'envisager tout ajustement de notre politique», estime Jerome Powell, d'après le texte d'un discours partagé à l'avance par l'institution monétaire. M. Powell sera auditionné à partir de 10H00 (16h00) par la Commission bancaire de la Chambre des représentants. Il fera de même devant la Commission bancaire du Sénat mercredi.
Dans un message diffusé dans la nuit de lundi à mardi, le président américain Donald Trump s'en est à nouveau vertement pris à lui et à la politique monétaire de la Réserve fédérale, qu'il juge trop restrictive. «Jerome Powell +trop tard+ de la Fed sera au Congrès aujourd'hui pour expliquer, entre autres choses, pourquoi il refuse d'abaisser les taux», a écrit M. Trump sur sa plateforme Truth Social.
«Pas d'inflation, une superbe économie. Nous devrions être au moins deux ou trois points (de pourcentage) plus bas» en matière de taux directeurs, a estimé le chef de l'État. Les taux directeurs de la Fed – qui guident les coûts d'emprunt des particuliers et des entreprises – sont dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% depuis décembre.
Voix en faveur d'une détente
Jerome Powell, dont le mandat court jusqu'au printemps 2026, avait été propulsé à la tête de la Réserve fédérale par Donald Trump lui-même pendant son premier mandat. Le président américain le qualifie dans son dernier message de «bête» et «têtu», affirmant que les États-Unis paieront «pour son incompétence pendant bien des années à venir».
Il appelle aussi le Conseil des gouverneurs à «agir» contre M. Powell. Vendredi, il avait demandé aux autres banquiers centraux américains de le renverser. «Nous sommes conscients que nos actions affectent la société, les familles, les entreprises à travers le pays. Tout ce que l'on fait, c'est au nom de notre mission» qui est d'atteindre le plein emploi autant que la stabilité des prix, met en avant Jerome Powell dans son discours.
Les droits de douane mis en place depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier vont «probablement tirer les prix vers le haut et peser sur l'activité économique», relève-t-il. M. Powell dit s'attendre à ce que l'indice d'inflation PCE pour le mois de mai, qui sera publié vendredi, montre que les prix ont augmenté de 2,3% sur un an. Cela représenterait une accélération par rapport à avril (+2,1%).
La dernière réunion de la Fed, la semaine dernière, s'était conclue à l'unanimité par un statu quo concernant les taux directeurs. Plusieurs responsables, qui votent sur la politique monétaire, ont depuis montré qu'ils penchaient en faveur d'une baisse lors de la prochaine réunion, fin juillet.
«Je ne pense pas que nous devrions attendre beaucoup plus», a affirmé le gouverneur Christopher Waller vendredi. «Si les pressions sur l'inflation restent contenues» d'ici la prochaine réunion de la Réserve fédérale, les 29 et 30 juillet, «je soutiendrai une diminution des taux directeurs» à ce moment-là, a déclaré de son côté Michelle Bowman.
M. Waller est considéré comme un candidat potentiel à la succession de Jerome Powell. Il était devenu gouverneur de la Fed sous le premier mandat de Donald Trump, à l'initiative de ce dernier. Le président américain a récemment propulsé Mme Bowman à son poste de vice-présidente de la Fed chargée de la supervision, dans l'optique de lâcher la bride des acteurs financiers.