Alimentation La Suisse romande dope les ventes de bio

ATS

3.4.2019 - 16:49

Les Suisses n'ont jamais autant consommé bio. L'alimentation issue de l'agriculture biologique a continué de gagner des parts de marché l'an dernier, et plus particulièrement en Suisse romande.

Le chiffre d'affaires annuel de la branche a dépassé pour la première fois les trois milliards de francs en 2018, a relevé mercredi Bio Suisse, la principale organisation du secteur. Les ventes ont affiché 3,066 milliards, en progression de 13,3% sur un an. C'est en Suisse romande que la hausse a été la plus forte avec un bond de 14,4%, contre 12% en Suisse allemande.

Du coup, après avoir été longtemps à la traîne, l'alimentation bio en Suisse romande affiche quasiment la même part de marché (9,9%) que du côté alémanique (10%). Le Tessin suit un peu plus loin (8,6%). «La barrière des röstis n'existe plus», a noté le directeur de Bio Suisse, Balz Strasser, lors d'une conférence de presse dans une ferme de La Sarraz (VD).

La progression du bio en Suisse romande s'explique notamment par une prise de conscience plus tardive que de l'autre côté de la Sarine, a expliqué le responsable marketing, Jürg Schenkel. «Les Romands ont longtemps été attachés à la notion de produits du terroir, davantage qu'au bio. Cela a toutefois changé, d'autant plus qu'il existe aujourd'hui des produits du terroir bio», a-t-il relevé.

Champions du monde

Quelle que soit la région linguistique, les Suisses détiennent «le record mondial» en matière de dépenses pour des aliments bio, s'est réjoui M. Schenkel. La consommation par habitant s'est établie à 360 francs en 2018, contre 320 francs un an plus tôt.

Toutes les denrées alimentaires ont poursuivi leur croissance. L'oeuf reste le champion des produits bio avec une part de marché de 27,6%, suivi par le pain frais (25,3%), les légumes, salades et pommes de terre (21,8%). «Ce n'est que le début, d'autres produits vont bientôt arriver à plus de 20% de part de marché. On ne peut plus parler de marché de niche avec le bio», a remarqué M. Schenkel.

Sans surprise, Coop et Migros ont capté la majeure partie des ventes: les trois quarts du chiffre d'affaires de la branche ont été réalisés par les deux géants de l'alimentation en 2018. «Mais la croissance est aussi soutenue par de nouveaux acteurs commerciaux, notamment pour les ventes en ligne», a noté M. Schenkel.

Concurrence déloyale

Pour satisfaire l'engouement des consommateurs, de plus en plus de paysans s'adaptent et convertissent leur exploitation. Fin 2018, 6719 fermes produisaient selon les directives de Bio Suisse, 296 de plus qu'un an plus tôt. Cela signifie que 15,4% des terres agricoles suisses sont désormais exploitées de manière biologique.

«Les fermes bio peuvent être fières. Elles fournissent une importante contribution à la protection de nos ressources», a souligné Urs Brändli, le président de Bio Suisse. Selon lui, il revient dorénavant à la politique et à l'administration d'encourager l'agriculture biologique.

«On nous dit souvent que le bio coûte trop cher. Mais ce sont plutôt les autres types de produits qui ne sont pas assez chers, sachant que l'on ne tient pas compte de leur impact sur l'environnement», a affirmé M. Brändli.

En comptabilisant par exemple les immissions d'azote, les gaz à effet de serre ou la consommation d'énergie pour la production agricole, les aliments bio renchériraient largement moins que les produits conventionnels, a expliqué M. Brändli. «Il faut supprimer le désavantage concurrentiel du bio», a-t-il dit.

La consommation de bio a battu des records l'an dernier en Suisse (archives).
La consommation de bio a battu des records l'an dernier en Suisse (archives).
Source: KEYSTONE/PETER KLAUNZER
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