La pandémie de nouveau coronavirus a provoqué une baisse record des exportations américaines en mars entraînant un rebond du déficit commercial.
Le solde des échanges des biens et services s'est établi à -44,4 milliards de dollars (+11,6%), résultat d'exportations en repli de 9,6% à 187,7 milliards et d'un recul nettement moins marqué des importations (-6,2%) à 232,2 milliards, selon les données du département du commerce publiées mardi.
Les Etats-Unis ont enregistré la plus forte baisse des exportations de biens depuis la crise financière de 2008, ont commenté Gregory Daco et James Watson, économistes chez Oxford Economics.
Et, estiment-ils, «le pire du choc est à venir».
Car les chiffres dévoilés mardi ne reflètent que la paralysie de l'économie survenue à partir de la mi-mars.
«La demande intérieure et extérieure devant se contracter à un rythme record au deuxième trimestre, les importations et les exportations devraient s'effondrer encore plus profondément», commentent les économistes.
Ils s'attendent à un recul du volume des échanges commerciaux de 17% cette année, soit une baisse beaucoup plus marquée que celle survenue lors de la crise financière.
Paralysie
En mars, «de nombreuses entreprises ont fonctionné à capacité limitée ou ont complètement cessé leurs activités, tandis que la circulation de voyageurs à travers les frontières a été restreinte», a résumé le département du commerce dans un communiqué, listant une myriade de secteurs qui ont accusé une baisse des exportations.
Ce creusement du déficit est quasiment en ligne avec les attentes des analystes qui tablaient sur -44,2 milliards de dollars.
Parmi les exportations en baisse, le département du commerce note en particulier le repli des exportations de fournitures et matériaux industriels, celles du secteur automobile, de l'industrie aéronautique civile et surtout des services (-10,8 milliards dont 7,5 milliards pour les seuls voyages et 2,6 pour les transports).
Du côté des importations, les biens de consommation ont diminué de 4 milliards de dollars, avec une baisse des importations de téléphones portables et autres articles ménagers de 2,5 milliards.
Par zone géographique, le déficit pour les seuls biens a continué de diminuer avec la Chine (-21,2%) en mars.
En revanche, il a bondi de 69% avec le Canada et de 34,2% avec l'Union européenne.
La diminution des échanges commerciaux de la première puissance économique mondiale ne sera pas sans effet sur l'économie du monde entier.
Dans ses dernières prévisions publiées fin avril, le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu que le commerce mondial chuterait de 11% cette année.
L'Organisation mondiale du commerce prévoit, elle, une baisse encore plus marquée entre 13% et 32% selon les scénarios, affectant toutes les régions du monde, mais en particulier l'Asie et l'Amérique du Nord.
Plusieurs facteurs ont déprimé le commerce mondial ces derniers mois. L'émergence du nouveau coronavirus en Chine a entraîné la fermeture d'usines, perturbant les chaînes d'approvisionnement dans le monde entier.
En outre, le virus s'est propagé dans le monde entier, conduisant de nombreuses entreprises à fermer leurs portes et entraînant des dizaines de millions de pertes d'emplois.
De nombreux gouvernements ayant pris des mesures de confinement des populations, cela a freiné les dépenses de consommation.
Tout ceci a fait basculer l'économie mondiale dans la récession, ce qui va encore réduire la demande.
Ainsi, cumulé sur le premier trimestre, le déficit commercial américain a diminué de 17,8% comparé à la même période de 2019.
Cette baisse est directement liée au net recul des échanges commerciaux avec la Chine, un des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Pour les trois mois, le recul des seuls biens s'élève à près de 35%.
Les analystes s'attendaient à un rebond du commerce américain après que Washington et Pékin ont signé un accord partiel en janvier.
Ce traité commercial a mis fin à près de deux ans de bataille tarifaire et devait relancer le commerce entre les deux pays avec l'achat de 200 milliards de dollars supplémentaires de biens américains.
Mais c'était avant que la pandémie de coronavirus ne vienne bouleverser la donne.
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