ConjonctureLe Royaume-Uni est entré en récession fin 2023
afp
15.2.2024 - 10:00
Le Royaume-Uni est entré en récession au deuxième semestre 2023, les taux d'intérêt élevés et l'inflation ayant mis sous pression les finances des ménages et des entreprises ce qui, en pleine année électorale, complique la tâche des Conservateurs au pouvoir.
Keystone-SDA, afp
15.02.2024, 10:00
15.02.2024, 10:03
ATS
Le produit intérieur brut (PIB) britannique a reculé de 0,3% au quatrième trimestre 2023, un repli plus fort que ne l'anticipaient en moyenne les économistes, après avoir baissé de 0,1% au troisième, d'après les chiffres publiés par l'Office national des statistiques jeudi.
Deux trimestres de contraction économique d'affilée sont généralement considérés par les économistes comme la définition d'une récession dite «technique».
Sur l'année 2023 entière, le Royaume-Uni affiche cependant encore une légère croissance de 0,1% sur un an, après une croissance de 4,3% en 2022, précise l'ONS.
La récession a notamment été déclenchée par la médiocre performance des commerçants en décembre, en pleine saison des fêtes de Noël, et traditionnellement le temps fort de l'année pour ce secteur, selon l'ONS.
C'est la première fois que l'économie britannique entre en récession depuis 2020, quand les confinements pour lutter contre la pandémie de coronavirus avaient anéanti l'activité économique pendant des mois.
L'ONS relève que l'économie britannique enregistre là sa plus mauvaise performance «depuis la crise financière de 2009, excepté 2020».
«L'inflation est le plus gros obstacle à la croissance, c'est pour cela que la diviser par deux a été notre priorité» a commenté le ministre des Finances Jeremy Hunt.
L'inflation au Royaume-Uni se situe à 4%, encore le double de l'objectif de la Banque d'Angleterre, mais elle a fortement diminué comparé à son pic de 11% atteint en octobre 2022.
«Avec des taux d'intérêt élevés» – actuellement à 5,25% – pour que la Banque d'Angleterre puisse faire reculer l'inflation, une croissance faible n'est pas une surprise», poursuit M. Hunt.
Promesses en lambeaux
«Mais il y a des signes que l'économie britannique a passé un cap et les prévisionnistes anticipent de la croissance pour les prochaines années», assure-t-il.
Les économistes relativisent toutefois l'ampleur de cette récession, la qualifiant de «douce» ou de «modérée».
«L'annonce que le Royaume-Uni est entré en récession technique en 2023 portera un coup au Premier ministre» conservateur Rishi Sunak «pendant une journée où il risque de perdre deux élections locales, remarque l'économiste Ruth Gregory, de Capital Economics dans une note.
Mais cette récession est aussi modérée que possible et les indicateurs avancés suggèrent qu'elle est déjà proche de sa fin», estime-t-elle.
Pour Samuel Tombs, économiste de Pantheon Macro, il est «exagéré» de parler de récession «étant donné que l'emploi a continué à augmenter, les salaires réels ont rebondi et les mesures de la confiance des entreprises et des consommateurs ont retrouvé des niveaux cohérents avec une croissance de l'activité à la fin de l'année» 2023.
Selon lui, il ne serait pas étonnant de constater, lors de la seconde estimation des chiffres du PIB, «que la récession a été évitée».
En revanche la principale responsable économique du parti d'opposition travailliste, Rachel Reeves s'est montrée cinglante: «La promesse de Rishi Sunak de faire croître l'économie est en lambeaux», a-t-elle déclaré jeudi.
Les travaillistes disposent pour l'instant d'une nette avance sur les conservateurs, au pouvoir depuis 14 ans environ, dans les sondages pour les prochaines législatives, qui devraient se tenir cette année mais dont la date n'est pas encore connue.