Cote de popularité en berne Les Américains n'en peuvent plus des volte-face économiques de Trump 

ATS

24.4.2025 - 07:29

Il veut renvoyer le patron de la Fed, et finalement pas. Il assomme la Chine de droits de douane, puis promet un apaisement... Les revirements de Donald Trump, élu en grande partie sur une promesse de prospérité économique, font déchanter les Américains.

Une enquête de l'institut Pew, menée début avril, au moment où le président américain faisait partiellement machine arrière dans sa guerre commerciale pour concentrer ses attaques sur la Chine, le crédite de seulement 40% d'opinions favorables, une glissade de 7 points par rapport à février.
Une enquête de l'institut Pew, menée début avril, au moment où le président américain faisait partiellement machine arrière dans sa guerre commerciale pour concentrer ses attaques sur la Chine, le crédite de seulement 40% d'opinions favorables, une glissade de 7 points par rapport à février.
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Keystone-SDA

«Il est impossible que les volte-face des Etats-Unis sur le commerce mondial ces derniers mois aient été ne seraient-ce que vaguement préparées», assène Joseph Grieco, professeur de sciences politiques à l'université Duke.

«Cela a été une improvisation après l'autre», déclare-t-il à l'AFP.

Une enquête de l'institut Pew, menée début avril, au moment où le président américain faisait partiellement machine arrière dans sa guerre commerciale pour concentrer ses attaques sur la Chine, le crédite de seulement 40% d'opinions favorables, une glissade de 7 points par rapport à février.

«La plupart de ses prédécesseurs depuis Ronald Reagan, à l'exception de Bill Clinton, avaient une cote de plus de 50% après cent jours de mandat», notent les auteurs de ce sondage, paru mercredi.

Ils soulignent toutefois que Donald Trump, clivant depuis toujours et qui en joue, évoluait dans les mêmes eaux au même stade de son premier mandat (2017-2021).

Majorité de mécontents

Plus précisément, 59% des personnes interrogées par Pew Research critiquent la politique commerciale du milliardaire républicain.

Une autre enquête d'opinion, Reuters/Ipsos, note que désormais 37% seulement des Américains se disent satisfaits de la politique économique de leur président.

C'est cette fois bien en-dessous des cotes atteintes dans la même enquête d'opinion pendant le premier mandat de l'ancien promoteur immobilier, dont l'économie a toujours été le point fort, politiquement parlant.

L'institut YouGov a lui mené début avril un sondage montrant qu'une majorité d'Américains (51%) étaient désormais mécontents de la politique économique de Donald Trump, alors qu'ils étaient une minorité (47%) fin mars, avant les grandes annonces de droits de douane du président américain, suivies une semaine plus tard d'une volte-face quasiment généralisée.

En l'absence de stratégie lisible, les marchés bondissent sur les moindres remarques de Donald Trump ou de ses ministres en matière de commerce ou de politique monétaire, et s'enflamment ou s'effondrent, selon les jours.

De quoi inquiéter nombre d'épargnants, dont la retraite future dépend de placements par capitalisation, très répandus aux Etats-Unis.

D'autant que le président s'en est pris frontalement à Jerome Powell, le patron de la Réserve fédérale (Fed), traité de «loser» pour son refus de réduire les taux d'intérêt.

Une atteinte à l'indépendance de la banque centrale qui a fait plonger les marchés, avant que Donald Trump assure mardi n'avoir aucunement l'intention de renvoyer son chef.

Adulation

Il est presque impossible de savoir comment va tourner l'affrontement commercial avec la Chine, visée par des droits de douanes de 145%, mais qui vont baisser fortement, selon le président américain.

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Washington et Pékin «attendent de pouvoir se parler», a dit mercredi le ministre américain des Finances, selon qui aucune négociation n'a donc commencé. Peu après, Donald Trump a assuré que les Américains et les Chinois se parlaient «activement» et même «tous les jours.»

Selon un récent sondage Gallup, 53% des Américains pensent que leur situation financière personnelle va se dégrader. Depuis 2001, l'institut de sondages note que les personnes interrogées avaient toujours été majoritairement optimistes concernant leur porte-monnaie.

Or qui dit inquiétude dit réticence à consommer ou à investir, ce qui pourrait freiner encore davantage la croissance économique.

Si toutes les enquêtes d'opinion notent une méfiance grandissante envers la politique économique menée par la Maison Blanche, la plupart s'accordent aussi pour signaler qu'elle n'atteint pas, jusqu'ici, les partisans du président américain, objet d'une adhésion qui va jusqu'à l'adulation pour une partie de sa base.

Dans une Amérique désormais extrêmement divisée politiquement, 70% des électeurs et sympathisants républicains soutiennent les hausses de droits de douane de Donald Trump, tandis que 90% des électeurs et sympathisants démocrates les critiquent, selon Pew Research.