Commerce de détail Les arcades se vident, déplorent les commerçants genevois

ATS

17.4.2019

Image symbolique
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DPA / archives

Le tourisme d'achat reste une préoccupation majeure pour les commerçants genevois. Au lendemain de la publication d'une étude mandatée par le Conseil d'Etat sur les habitudes de consommation dans le "Grand Genève", des associations contactées par AWP ont fait part de leurs inquiétudes devant "les arcades qui se vident" dans la Cité de Calvin.

L'abandon du taux plancher face à l'euro décidé par la BNS en janvier 2015 avait fait chuter de 30 à 40% les ventes des commerces genevois durant les mois qui ont suivi, a relevé Yves Menoud, secrétaire patronal de la Nouvelle organisation des entrepreneurs (Node) à Genève. Entre-temps, le franc a certes perdu de sa vigueur, "mais des habitudes ont été prises", a-t-il ajouté, en référence au tourisme d'achat en France voisine.

De ce point de vue, M. Menoud aurait souhaité davantage d'empathie de la part des autorités genevoises lors de la présentation de l'étude du cabinet AID, lundi, chiffrant à environ 400 millions de francs par an les dépenses de consommation effectuées en France par les résidents suisses.

Montant "marginal"?

Le président du Conseil d'Etat, Antonio Hodgers, a qualifié de "marginal" ce montant, rapporté au chiffre d'affaires total des commerces du "Grand Genève" (zones suisses et françaises), qui dépasse 7 milliards.

"Le message donné n'est pas adapté. Il ne faut pas dédramatiser la situation. Il n'y a jamais eu autant d'arcades vides en ville de Genève. Nos commerçants peinent à joindre les deux bouts, et il est souvent difficile de relouer les surfaces qui doivent fermer", déplore M. Menoud.

En tant que responsable d'une organisation regroupant des métiers de bouche (bouchers, boulangers...), ainsi notamment que des kiosques et de petits détaillants, M. Menoud déplore que la loi ne soit selon lui pas respectée aux frontières. "La liberté de circulation existe pour les personnes, pas pour les marchandises", note-t-il, en faisant allusion par exemple aux quantités de viande "hors quota" qui passeraient la douane sans être taxées, faute de contrôles.

Evoluer

Les commerçants, cependant, reconnaissent qu'ils doivent évoluer et soigner par exemple leur présence sur Internet. Outre le tourisme d'achat, les ventes en ligne mettent souvent à mal les affaires des négociants insuffisamment préparés à cette concurrence.

Conscient du phénomène, l'Etat de Genève soutient du reste les détaillants du cru dans leurs efforts "numériques". "Des cours sont également proposés aux commerçants dont certains ne connaissent pas bien Genève, afin de les aider à mieux renseigner leurs clients-touristes", explique Isabelle Fatton, secrétaire patronale à la Fédération du commerce genevois. "Les forces de vente ne sont souvent pas genevoises. Un besoin de formation se fait sentir", dit-elle.

Son organisation, qui regroupe notamment les commerçants du textile et de la chaussure, très exposés à la concurrence, reste elle aussi "préoccupée" par le tourisme d'achat. Mais le défi porte sur le changement des modes de consommation dans leur ensemble. "Beaucoup de nos membres ont dû fermer boutique faute d'avoir innové. Ils ont raté le coche", observe Mme Fatton.

La nécessité d'une présence sur les réseaux sociaux, par exemple, n'est toujours pas pleinement intégrée. "Depuis dix ans que je suis en fonction, je n'ai jamais vu autant d'arcades commerçantes vides en ville", assure-t-elle.

Le problème est global

Les grands commerçants souffrent aussi. Migros Genève a subi une forte baisse de ses ventes après l'abandon du taux plancher, rappelle le service de presse. Aujourd'hui, la situation est "stabilisée", mais "sur le marché restreint du canton de Genève, peu de possibilités d'ouvrir de nouveaux commerces existent", souligne Migros.

Le problème est global, comme le relève par ailleurs dans une étude le gestionnaire d'actifs GAM. "Des milliers d'emplois dans le commerce de détail (international) ont été perdus ces dernières années, en raison des nouveaux modes d'achat et de l'essor commerce en ligne."

Parmi les parades proposées figurent l'adoption d'une stratégie multicanal, la fidélisation de la clientèle par une optique de long terme ou encore la différenciation avec des offres "de niche".

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