Transport aérien Les Etats au secours du transport aérien

ATS

27.3.2020 - 10:53

Qatar Airways opère actuellement à 40% de ses capacités (archives).
Qatar Airways opère actuellement à 40% de ses capacités (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/NARENDRA SHRESTHA

Avec la plupart des avions cloués au sol, la pandémie de Covid-19 va coûter cher aux compagnies aériennes du Moyen-Orient, surtout celles du Golfe. Pour redécoller, les Emirates, Etihad et autres Qatar Airways, devront s'en remettre aux aides des Etats.

Les autorités dans la région ont pris des mesures drastiques pour enrayer la propagation de la maladie, fermant des aéroports et suspendant des vols. Des plateformes (hubs) telles que celles de Dubaï et d'Abou Dhabi sont désormais paralysées. L'Organisation arabe des transporteurs aériens (AACO) et l'Association internationale du transport aérien (IATA) ont lancé un appel à l'aide.

«L'industrie est confrontée à sa plus grave crise. Pour les compagnies aériennes, c'est Apocalypse Now», a déclaré Alexandre de Juniac, directeur général de l'IATA, qui représente 290 compagnies dans le monde. Par le passé, des compagnies occidentales ont reproché aux transporteurs du Golfe d'être subventionnés par leurs Etats, riches grâce au pétrole ou au gaz.

Emirates, Etihad ou encore Qatar Airways, ont connu un succès fulgurant ces dernières années. Mais la pandémie a aussi fait chuter les marchés de l'énergie en raison d'un assèchement de la demande, qui a de surcroît déclenché une guerre des prix entre l'Arabie saoudite et la Russie, soucieuses de préserver leurs parts de marché.

les rapatriements: «planche de salut»

Les économies de la région vont se contracter de 1,7% en 2020 en raison de la chute des prix du pétrole, selon Capital Economics, un cabinet de conseil basé à Londres. L'AACO, qui représente une trentaine de transporteurs arabes publics et privés, a réclamé des allègements fiscaux, l'exonération d'une série de frais et de charges et une aide pour les coûts liés au nouveau coronavirus.

«Ces mesures sont très importantes pour éviter un scénario où les compagnies ne seraient plus en mesure de fournir au public un service convenable», a jugé l'organisation dans un communiqué. D'après l'IATA, les revenus de 2020 des transporteurs du Moyen-Orient, qui exploitent plus de 1300 avions, devront chuter de 19 milliards de dollars (environ 18 milliards de francs), soit une baisse de 39% par rapport à 2019.

La crise met en péril au moins 800'000 emplois cette année, prévient l'organisation. Le conseil mondial du tourisme et des voyages, le World Travel and Tourism Council, basé à Londres, estime que le Moyen-Orient est confronté à la destruction de 1,8 million d'emplois dans ces secteur.

Qatar Airways, la deuxième plus grande compagnie de la région après Emirates (Dubaï), fait partie des quelques transporteurs qui continuent d'opérer mais avec seulement 40% de sa capacité. «Il y a toujours une demande dans le domaine du rapatriement», explique à l'AFP Thierry Antinori, son directeur de stratégie, décrivant ce service comme la «dernière planche de salut» pour beaucoup.

Dans ce contexte, les employés se sont vus offrir des congés sans solde, ajoute-t-il, refusant de commenter l'éventualité de licenciements. D'autres compagnies ont pris des mesures de réduction des coûts et les analystes affirment que des coupes sont à prévoir dans les commandes d'avions de la région, d'une valeur de 100 milliards de dollars.

Coûts réduits

«Sans soutien des gouvernements, les compagnies pourraient être contraintes d'annuler des commandes», explique à l'AFP Muhammad AlBakri, vice-président de l'IATA pour l'Afrique et le Moyen-Orient. Emirates, l'un des transporteurs les plus importants au monde, a réduit les salaires de 25 à 50% pendant trois mois, une mesure destinée à éviter les licenciements.

La compagnie figure parmi les quelques compagnies de la région qui restent dans le vert, même si ses bénéfices ont baissé ces dernières années avec le ralentissement économique. La plupart des 19 transporteurs nationaux arabes ont enregistré des pertes, entraînant une intervention des Etats pour les soutenir.

A Abou Dhabi, Etihad a cumulé des pertes de 5,5 milliards de dollars en quatre ans et est en cours de restructuration. Son directeur général, Tony Douglas, a assuré cette semaine que la compagnie «serait toujours là» quand la situation reviendra à la normale.

Mais le directeur général de Qatar Airways, Akbar Al Baker, a prédit la faillite de nombreuses compagnies avec la chute prévue de la demande: «dans cette période très difficile, seuls les plus forts vont survivre». «Ceux qui se vantaient de ne pas bénéficier de subventions publiques et d'être indépendants demandent désormais, partout dans le monde, des aides de l'Etat», a-t-il ironisé sur Bloomberg TV.

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