Transport aérien Lufthansa: plans de sauvetage approuvé

ATS

25.6.2020 - 19:04

Au pic de la crise, le groupe Lufthansa perdait un million d'euros par heure.
Au pic de la crise, le groupe Lufthansa perdait un million d'euros par heure.
Source: KEYSTONE/EPA/OLIVER LANG

Le premier groupe de transport aérien européen Lufthansa a reçu jeudi l'aval pour un plan de sauvetage de neuf milliards d'euros. Ce plan lui évite la cessation de paiement face au coronavirus et va voir l'Etat allemand revenir à son capital.

Réunis en assemblée générale, les actionnaires ont très largement approuvé le projet à plus de 98% des voix. Une majorité des deux tiers était requise. «On y est arrivé! Nous allons nous en sortir» désormais, a exulté juste après le vote le président du conseil de surveillance de la compagnie allemande, Karl-Ludwig Kley.

L'issue du vote est restée longtemps incertaine en raison des réserves du principal actionnaire de la compagnie, Heinz Hermann Thiele. Ce milliardaire de 79 ans était réticent à l'idée de voir l'Etat allemand acquérir au moins 20% de Lufthansa dans le cadre de ce plan, une première depuis la privatisation complète de la compagnie en 1997.

Feu vert de Bruxelles

En parallèle, la Commission européenne, gardienne de la concurrence, a annoncé qu'elle validait le projet, insistant sur les conditions acceptées en contrepartie. «Lufthansa s'est engagée à mettre à disposition» de ses concurrents «des créneaux horaires (...) dans ses aéroports pivots de Francfort et de Munich», a dit la vice-présidente de la Commission, Margrethe Vestager.

Cela ne suffit pas toutefois à la compagnie low cost Ryanair, qui a annoncé qu'elle déposerait un recours en justice.

Pour convaincre les actionnaires, Lufthansa a rappelé que la compagnie, pratiquement clouée au sol par l'épidémie de coronavirus, était financièrement aux abois. «Nous n'avons plus d'argent», a averti Karl-Ludwig Kley. Sans soutien de l'Etat, Lufthansa devrait déposer le bilan dans un délai «de quelques jours».

Restructuration

Dans les tractations autour du plan de sauvetage, Heinz Hermann Thiele, qui détient encore 15,5% du capital, a joué un rôle pivot. Ce n'est qu'au dernier moment, mercredi soir, qu'il a fait savoir qu'il approuverait le plan d'aide, tout en réclamant une «restructuration» rapide de la compagnie.

La pandémie de coronavirus a entraîné chez Lufthansa l'arrêt quasi-total des opérations passagers; au pic de la crise, le groupe perdait un million d'euros par heure.

Mais même en bénéficiant de l'aide publique, la suite s'annonce compliquée car le redémarrage ne sera que très progressif: en septembre, la compagnie prévoit une offre toujours inférieure de 60% à la normale.

«Une reprise rapide n'est pas en vue et nous savons que les conséquences (du coronavirus) auront un impact encore pendant les prochaines années», a expliqué le patron du groupe, Carsten Spohr, une «vaste restructuration» est nécessaire.

Emplois menacés

A terme, le groupe aura une centaine d'avions de moins sur ses 763 d'avant la crise, qui a cloué au sol la quasi-totalité de la flotte pendant près de deux mois.

Pour s'adapter à cette baisse prolongée, Lufthansa veut supprimer 22'000 emplois équivalent temps plein, soit 16% des effectifs mondiaux, dont la moitié en Allemagne, et négocie à cet effet avec les syndicats.

Mercredi soir, un premier pas a été franchi, avec un accord sur 500 millions d'euros d'économies entre direction et syndicat du personnel navigant. Il prévoit des gels des rémunérations, des départs à la retraite anticipés et des périodes de chômage technique pour éviter des licenciements de stewards et hôtesses de l'air.

Un accord «du même ordre de grandeur» est en vue avec les représentants des pilotes, tandis que les discussions pour le personnel au sol étaient pour l'instant «décevants».

Aide fédérale pour Swiss

Concernant les différentes filiales de Lufthansa, l'Autriche a prévu d'aider Austria Airlines à hauteur de 450 millions d'euros, sans monter au capital.

En Suisse, le Conseil fédéral a décidé fin avril de demander au Parlement 1,5 milliard de francs pour soutenir Swiss et sa filiale de vols de vacances Edelweiss. Les négociations se poursuivent en Belgique, où Brussels Airlines est en passe de supprimer un millier d'emplois.

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