Chimie Monsanto encore condamné à cause du Roundup

ATS

14.5.2019 - 01:49

Un jury américain a infligé lundi un troisième camouflet de taille au groupe chimique américain Monsanto, détenu par Bayer, en le condamnant à verser deux milliards de dollars à un couple, atteint d'un cancer. Ce dernier accuse le Roundup d'avoir causé la maladie.

Le jury a accordé «deux milliards de dollars» au titre de dommages «punitifs» destinés à sanctionner le fabricant du désherbant au glyphosate, a annoncé un des cabinets d'avocats du couple, qui poursuivait le groupe agrochimique devant un tribunal d'Oakland, près de San Francisco.

A ces deux milliards de dollars (autant en francs suisses), un milliard par personne, s'ajoutent 55 millions de dollars accordés à chacun des plaignants, atteints d'un lymphome non hodgkinien, à titre compensatoire (pertes économiques, préjudice moral).

Le groupe allemand Bayer, qui s'est dit «déçu» du verdict, compte faire appel. Il affirme toujours que le Roundup et son principe actif controversé, le glyphosate, sont sans danger. Le Roundup, très lucratif, est vendu dans le monde entier depuis une quarantaine d'années.

«Malveillance, oppression et fraude»

Ce procès s'était ouvert fin mars, juste après la condamnation pour les mêmes raisons de Monsanto à verser 80 millions de dollars à un septuagénaire atteint d'un lymphome non hodgkinien, qu'il attribuait au Roundup.

«Le jury a estimé que l'exposition au Roundup a causé le [cancer, ndlr] (...) et que Monsanto avait failli [à l'obligation de, ndlr] prévenir de ce grave danger pour la santé. Surtout, le jury a également reconnu que Monsanto avait agi avec malveillance, oppression ou fraude et devait être puni pour son comportement», a souligné dans un communiqué la firme Baum, Hedlund, Aristei & Goldman, un des cabinets qui défendaient le couple.

En août 2018, Monsanto avait été condamné à verser 289 millions de dollars à un jardinier atteint lui aussi de ce même type de cancer, une somme réduite ensuite à 78 millions par une juge.

Dans un communiqué lundi, Bayer a rappelé que l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) avait réaffirmé à la fin avril que le glyphosate n'était «probablement pas cancérigène pour les humains». L'EPA avait toutefois recommandé un nouvel étiquetage pour réduire les risques écologiques, en particulier pour les papillons.

L'horizon s'assombrit donc encore pour le groupe allemand, pour lequel Monsanto, racheté pour 63 milliards d'euros (71 milliards de francs au cours actuel), s'apparente de plus en plus à un boulet au pied. Plus de 11'000 procédures contre le Roundup sont en effet en cours aux Etats-Unis, ce qui pourrait pousser la firme à signer un accord amiable pour éviter tous ces procès.

Milliards de valeur boursière perdus

Le 26 avril, les actionnaires de Bayer ont, d'ailleurs, infligé au groupe un rare désaveu en votant contre sa direction, lors de la première assemblée générale tenue après le coûteux rachat de Monsanto.

Le patron Werner Baumann avait espéré que les cours d'appel, saisies dans les deux premiers dossiers américains «rendent des décisions différentes», «basées sur l'analyse scientifique et non sur l'émotion».

Les procès perdus par la firme aux Etats-Unis ont fait dégringoler le titre en bourse, lui faisant perdre des milliards de dollars de valeur boursière.

Le groupe allemand martèle depuis l'été dernier qu'aucun régulateur dans le monde n'a conclu à la dangerosité du glyphosate depuis sa mise sur le marché au milieu des années 1970. Il met en avant «800 études rigoureuses» sur ses effets.

Le centre international de recherche sur le cancer, une émanation de l'OMS, a considéré en 2015 que le glyphosate était «probablement cancérigène», mais pas l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ou l'agence européenne des produits chimiques (ECHA).

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