AnalyseNestlé perd en bourse? Un problème grave pour de nombreux Suisses
SDA
10.2.2025 - 16:00
La faiblesse du cours de l'action Nestlé en bourse pose problème à de nombreux investisseurs, y compris les caisses de pension. Ils sont donc nombreux à espérer un renouveau de l'entreprise, notamment grâce au nouveau CEO Laurent Freixe.
Nestlé est une composante importante du SMI, l'indice boursier suisse.
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10.02.2025, 16:00
11.02.2025, 06:48
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En poste depuis début septembre, cet homme de 62 ans a la délicate mission de relancer les ventes de la multinationale alimentaire vaudoise, qui ont reculé de 1,5% en 2023 et de 2,4% sur les neuf premiers mois de 2024, dans le sillage d'une inflation qui a poussé les consommateurs de nombreux pays à réduire leurs dépenses.
En novembre, l'entreprise a dévoilé un plan comprenant de nouvelles mesures de réduction des coûts, une augmentation des dépenses publicitaires sur ses produits les plus vendus et une réorganisation de son activité d'eau minérale, qui a été ébranlée par les incidents notoires en France liés à l'utilisation de systèmes de filtration interdits.
De nombreux citoyens touchés
Mais ces annonces n'ont pas suffi à enrayer l'effondrement du titre, qui a perdu près d'un quart de sa valeur en 2024.
Aujourd'hui, l'action Nestlé se négocie à environ 78 CHF : depuis le début de l'année, elle a regagné 4%, mais sur douze mois, la performance reste largement négative, à -19%. Si l'on compare ensuite avec le record historique de 129,50 CHF atteint le 4 janvier 2022, la baisse est de 40%.
Cette évolution n'est certainement pas passée inaperçue en Suisse, même bien au-delà du cercle étroit des professionnels de la finance.
Le journal Neue Zürche Zeitung a averti que de nombreux citoyens sont concernés, étant donné l'importance de Nestlé dans les investissements des fonds de pension. Pour le Tages-Anzeiger, l'action a même cessé d'être une «Grossmutter-Aktie» (action de grand-mère), un investissement sûr dans lequel même les vieilles dames placent leurs économies.
Selon le journal, les actionnaires pourraient remettre en question les performances du conseil d'administration.
Plusieurs facteurs ont conduit à l'effondrement
«Nestlé est détenue par un grand nombre de fonds de pension et de personnes du gouvernement fédéral, ce qui provoque de nombreuses réactions», explique Jean-Philippe Berstchy, analyste chez Vontobel, à l'agence Afp. Dans un récent rapport sur le titre, l'expert souligne que «le sentiment à l'égard du titre a rarement été aussi mauvais», mais attribue au groupe une capacité de redressement.
Selon lui, plusieurs facteurs ont contribué à la baisse du cours de l'action, notamment les nombreux changements au sein de l'équipe de direction, la révision à la baisse des prévisions de croissance des ventes à deux reprises au cours de l'année écoulée, et le flux de nouvelles négatives, dont les scandales en France concernant les pizzas Buitoni et les traitements interdits appliqués à l'eau minérale.
Selon le spécialiste, compte tenu de l'étendue de son portefeuille de produits, Nestlé «conserve de nombreuses opportunités de restaurer la croissance». En novembre, le nouveau CEO a déclaré vouloir se concentrer sur les produits Nestlé ayant le plus grand potentiel, notamment les 31 marques dont les ventes annuelles dépassent le milliard, telles que Nespresso, KitKat et Purina One.
Voici ce qui sera décisif dans un avenir proche
Les mesures annoncées par Freixe mettront toutefois du temps à produire leurs effets.
Les opérateurs ne s'attendent donc pas à ce que la présentation des comptes, prévue jeudi, se traduise par des avancées immédiates.
Selon Andreas von Arx, analyste chez Baader Helvea, l'attention des investisseurs se portera donc surtout sur les prévisions, le président du conseil d'administration étant resté vague sur ses attentes en matière de chiffre d'affaires à l'horizon 2025.
En effet, en novembre, Freixe avait parlé d'une croissance du chiffre d'affaires (hors effets de change et acquisitions ou désinvestissements) d'environ 2 % en 2024, suivie d'une «amélioration» en 2025, mais sans fournir de chiffres à ce sujet.