Norwegian Air Shuttle a infligé un coup dur au Boeing 737 MAX. La compagnie norvégienne à bas coûts a annulé une commande de 92 exemplaires ainsi que de cinq modèles Dreamliner, alors même que l'avion débutait ses vols de certification après deux accidents mortels.
Norwegian dit aussi avoir lancé une procédure judiciaire pour obtenir des dédommagements liés aux pertes générées par l'immobilisation des 737 MAX, cloués au sol depuis mars 2019 après deux accidents ayant coûté la vie à 346 personnes, et par celles causées par des problèmes de moteurs Rolls-Royce sur ses Dreamliner 787.
«Norwegian a engagé un dialogue commercial avec Boeing en vue de résoudre ses problèmes avec les 787 et les 737 MAX et d'obtenir une compensation pour ses pertes», a indiqué la compagnie dans un communiqué boursier. «Le dialogue n'a (à cette date) pas débouché sur un accord avec une compensation raisonnable pour la compagnie», a-t-elle ajouté.
Ces déboires ont «perturbé les opérations» et «provoqué des pertes importantes», a-t-elle fait valoir. La troisième low cost européenne, qui compte 18 Boeing 737 MAX et une trentaine de Dreamliner dans sa flotte, réclame aussi le remboursement des acomptes déjà payés pour les avions dont elle a annulé la commande.
Cette annulation survient le jour même où le Boeing 737 MAX a débuté ses vols de certification aux Etats-Unis, une étape cruciale pour la survie de l'avion vedette du géant aéronautique américain.
Le 737 MAX est cloué au sol depuis le 13 mars 2019 après l'accident d'un exemplaire de la compagnie Ethiopian Airlines ayant fait 157 morts. Cette tragédie survenait quelques mois seulement après la catastrophe d'un MAX de Lion Air, qui a tué 189 personnes.
Déjà en grandes difficultés financières avant la crise sanitaire, Norwegian a été aussi touchée de plein fouet par la pandémie de Covid-19 qui a paralysé le transport aérien. Alors au bord de la faillite, la compagnie a adopté en mai un plan de sauvetage prévoyant la conversion d'une partie de sa dette considérable et de ses engagements financiers en actions nouvelles, ainsi qu'une nouvelle augmentation de capital.
Ce faisant, elle a rempli les conditions posées par le gouvernement norvégien pour l'octroi de garanties qui ont totalisé 3 milliards de couronnes (près de 280 millions d'euros), une bouffée d'oxygène indispensable à sa survie.
Lourdement endettée après une expansion tous azimuts, Norwegian prévoit désormais de se concentrer sur ses lignes rentables et de réduire la voilure, notamment dans le long courrier où elle est l'un des pionniers sur le segment à bas coûts.
Il y a deux semaines, elle a annoncé la réouverture de 76 lignes en Norvège et en Europe à compter du 1er juillet.