Postes Nouvelle offensive de Trump à Genève

ATS

24.9.2019 - 19:22

Le président américain Donald Trump s'en prend à nouveau à la Chine mais cette fois sur les frais postaux entre Etats.
Le président américain Donald Trump s'en prend à nouveau à la Chine mais cette fois sur les frais postaux entre Etats.
Source: KEYSTONE/AP/EVAN VUCCI

De nombreux Etats sont réunis mardi à Genève pour des négociations cruciales après la menace de Donald Trump de se retirer de l'Union postale universelle (UPU). Le défi pour les consommateurs est très important. La priorité suisse est de préserver l'institution.

Cette discussion «est l'une des plus importantes» en près de 150 ans de l'organisation, a estimé mardi au début du congrès extraordinaire de l'UPU le directeur général Bishar Hussein. Au centre des discussions, une réforme des rémunérations pour l'envoi de lettres ou de petits paquets internationaux.

Selon le dispositif actuel, le pays d'envoi compense les frais de distribution auprès du pays destinataire. Cette rémunération est plus ou moins importante selon l'économie et la qualité des infrastructures postales d'un membre.

Or, les Etats-Unis estiment notamment que la Chine bénéficie de tarifs trop favorables qui lui permettent d'envoyer de petites marchandises chez eux à un tarif moins élevé qu'un paquet entre deux villes américaines. Ce décalage coûte des «centaines de millions de dollars» et des «dizaines de milliers d'emplois», a affirmé devant les Etats membres un conseiller économique du président Trump, Peter Navarro, qui dirige la délégation américaine.

Il en a appelé aux alliés de son pays face à un système que tous les pays savent «brisé». Depuis le lancement de ces tarifs en 1969, «nous avons reconnu que le système n'est pas adapté» mais ne peut être résolu rapidement, a admis de son côté M. Hussein.

Directeur général optimiste

Insistant sur la montée du commerce électronique, les Etats-Unis ne sont pas les seuls à être insatisfaits du système de rémunération puisqu'un tel congrès demande l'approbation de deux tiers des 192 membres. Mais ils avaient menacé il y a un an de sortir des traités de l'UPU si cette réunion n'était pas organisée, dans la lignée de leur offensive à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Sans compromis d'ici au 20 octobre, ils quitteront cette institution, une première. «Nous avons l'habitude d'avoir des pays aux opinions divergentes», a dit devant la presse M. Hussein qui reste «très optimiste». Mais il ne cache pas qu'un retrait américain, «acteur important» de l'UPU, perturberait le système postal mondial.

Les Etats-Unis devraient alors négocier un accord avec tous les autres Etats. Les consommateurs n'auraient plus la garantie de pouvoir envoyer leurs lettres vers ce pays. Il faudrait dans tous les cas s'attendre à une «augmentation des prix», ajoute M. Hussein.

Trois scénarios seront discutés. Une augmentation des tarifs avec uniformisation en 2020, des taux libres plafonnés dès la même année, c'est ce que demandent les Etats-Unis, ou une solution intermédiaire.

Celle-ci prévoirait le premier scénario mais avec la possibilité pour les Etats de basculer sur des tarifs autodéclarés progressivement pendant la période de 2021 à 2025. Un compromis déjà «significatif», a dit M. Navarro. La Chine, favorable au premier scénario, s'est dite mardi ouverte à une réforme qui garantisse «des bénéfices mutuels» aux membres. De nombreux amendements à ces trois possibilités ont été lancés.

Appel aux Etats lancé par la Suisse

Les Etats-Unis ont dû faire face à des obstacles dès mardi. En fin d'après-midi, la solution qu'ils préféraient a été rejetée lors d'un vote par près de 54% des pays qui participent à la réunion.

De son côté, la Suisse a envoyé une délégation d'une quinzaine de représentants dans ces négociations. Elle est emmenée par le directeur de l'Office fédéral de la communication (OFCOM) Philipp Metzger.

Devant les plus de 150 Etats membres présents au total, celui-ci a affirmé qu'il était «dans l'intérêt de tous» de trouver dans les prochains jours un compromis qui soit acceptable pour tous ces pays. «Pas une tâche facile», a-t-il toutefois expliqué.

La Suisse ne dévoile pas quel scénario elle préfère. «Pour autant qu'il soit acceptable» pour les autres Etats, elle s'adaptera parce qu'elle veut préserver l'institution, a affirmé à Keystone-ATS M. Metzger. «Difficile à évaluer» également quel sera l'impact pour le consommateur suisse en cas de retrait américain. Mais celui-ci aurait des conséquences, a-t-il ajouté.

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