Commerce mondial OMC: peu de différences entre candidats

ATS

17.7.2020 - 14:45

Les huit candidats pour la direction générale de l'OMC ont été auditionnés cette semaine à Genève par les 164 Etats membres. Face à la crise, tous ont une approche similaire, notamment avec Washington, et veulent une désignation rapide. Leur profil les départagera.

Les huit candidats ont tous souhaité que le remplaçant ou la remplaçante de Roberto Azevedo à la tête de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) soit nommé «le plus rapidement possible». La démission du directeur général, un an avant le terme de son second mandat et en pleine crise économique avec la pandémie, a bousculé la procédure de désignation.

Au moment de son départ fin août, l'un de ses adjoints pilotera provisoirement l'organisation. Le scénario d'un début de mandat en novembre pour le prochain patron est souhaitable mais «optimiste», a dit le candidat mexicain Jesus Seade Kuri, ancien directeur général adjoint de l'OMC.

Le chef de l'institution arriverait alors juste avant la présidentielle américaine et au dernier moment pour préparer la ministérielle de juin prochain. Décalée d'un an en raison du Covid, celle-ci est considérée comme très importante pour relancer l'institution en crise.

Cette semaine, plusieurs candidats ont appelé les Etats-Unis, alors que le président Donald Trump a menacé à plusieurs reprises de faire sortir son pays de l'organisation, à rester. Une élection de Joe Biden face à celui-ci n'apaiserait pas par elle-même les critiques américaines, admet l'un d'eux.

Ministre saoudien plus prudent

Parmi les actions à mener, notamment face aux tensions entre Washington et Pékin, tous les candidats disent vouloir rétablir rapidement la fonction de négociation de l'OMC, mise à mal ces dernières années sans accord significatif.

Autre souhait commun, celui de mettre un terme à la crise institutionnelle de l'organisation depuis que le tribunal d'appel est devenu dysfonctionnel en raison de blocages américains pour le renouvellement des juges. Seul l'ancien secrétaire britannique au commerce international Liam Fox, seul candidat d'un pays développé, se dit proche des critiques américaines.

Le rythme, rapide ou séquencé, est nuancé dans les approches des candidats. M. Seade Kuri souhaite un nouveau mécanisme de surveillance des tribunaux de l'OMC. De son côté, le ministre saoudien Mohammed Al-Tuwaijri est plus prudent sur le tribunal d'appel et a défendu une approche plus entrepreneuriale.

Parmi les questions auxquelles le prochain directeur n'échappera pas, personne ne s'aventure à contester frontalement à la Chine le droit de continuer à s'autoproclamer en pays en développement, une question qui fâche les Etats-Unis. La ministre sud-coréenne du commerce Yoo Myung-hee s'est contentée de dire que certains Etats devraient prendre «plus de responsabilité» comme l'a fait le sien.

Le prochain directeur général ne devrait pas «faire trop de promesses» dans la période actuelle, selon M. Fox. Seul le profil devrait différencier les huit candidats. M. Seade Kuri refuse d'être vu comme le seul Latino-américain, potentiel problème pour lui alors que M. Azevedo venait de la même zone.

«Pas là pour imposer une solution»

L'Egyptien Hamid Mamdouh, qui est également genevois, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala et la ministre kényane Amina Mohamed, qui a présidé tous les organes importants de l'OMC, chercheront à devenir le premier Africain à diriger l'organisation. Le Genevois dit offrir un profil «sans précédent», n'ayant jamais été ministre comme ses rivaux, ni seulement diplomate comme M. Azevedo.

«Je n'ai pas détecté d'inquiétude», ni d'«objection» de la part des Etats, a-t-il affirmé mercredi. Un avis que ne partage pas M. Fox. «Ce boulot est pour un responsable politique et qui l'est probablement depuis assez longtemps», dit-il.

Comme plusieurs candidats dont le Genevois, l'ex-chef de la diplomatie moldave Tudor Ulianovschi voit avant tout dans le mandat une exigence de «conciliateur». Le patron de l'OMC «n'est pas là pour imposer une solution», selon lui.

Mais son «influence est grande», relève de son côté Mme Mohamed. Alors que certains considèrent que les discussions entre son pays et les Etats-Unis pour un accord de libre-échange pourraient être exploitées par ses soutiens comme par ses opposants, elle ne s'attend pas à ce que celles-ci interfèrent dans le processus.

Mme Okonjo-Iweala, qui défend les PME et les pays en développement, a elle tenté de répondre aux critiques sur son manque d'expérience sur le commerce international, mais sans convaincre face à ses rivaux africains selon plusieurs observateurs.

De son côté, M. Fox a relevé que tous les membres ne voient «très heureusement» pas tout sous l'approche du Brexit et que ceux qui pensent qu'il était prématuré pour la Grande-Bretagne de lancer un candidat «ont tort». Il souhaite que l'UE soutienne quelqu'un en ligne avec les valeurs que le bloc européen dépend.

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