Finance durablePhilipp Hildebrand rappelle les politiques à leurs responsabilités
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4.10.2022 - 09:19
«Nous ne sommes pas dans les clous», a martelé Philipp Hildebrand, vice-président du géant de la gestion d'actifs Blackrock et ancien président de la Banque nationale suisse (BNS), lundi lors de son intervention au sommet sur la finance durable Building Bridges à Genève. Il se référait aux efforts du monde de la finance pour atteindre les objectifs fixés à l'occasion de la conférence de Paris sur le climat.
Keystone-SDA, rq
04.10.2022, 09:19
ATS
En tant que premier gestionnaire d'actifs au monde, Blackrock a un rôle majeur à jouer dans la transition, a reconnu M. Hildebrand. «Mais nous ne sommes pas en position pour résoudre ce problème seuls», a-t-il ajouté. «N'attendez pas de nous que nous nous en chargions», a-t-il mis en garde. «Les politiques doivent faire leur travail».
«Pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés, soit la transition énergétique, et ce dans toutes les hémisphères, davantage de capitaux privés sont nécessaires», a-t-il reconnu. «Et par sa taille, Blackrock représente l'économie mondiale au sens large.» Mais actuellement, le cadre réglementaire ne le permet pas et c'est donc aux politiques que revient de le modifier.
Le critère du risque
La moitié des avoirs que gère Blackrock sont des fonds de pension. Or, leur gestion est soumise à des exigences réglementaires qui empêchent d'investir là où cela serait nécessaire: dans la transition énergétique et dans l'hémisphère sud, là où justement il est plus difficile d'envoyer les capitaux. «En tant qu'agent fiduciaire, nous appréhendons les investissements sous le critère du risque», a-t-il rappelé.
De la part des autorités, deux éléments sont attendus pour que les capitaux privés puissent être mobilisés, selon M. Hildebrand. Premièrement, des normes et des paramètres de mesure clairs, avec un cadre transparent. Et deuxièmement, une nouvelle architecture des institutions de financement mondiales telles que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et les banques de développement est nécessaire, afin de mitiger les risques inhérents à l'investissement dans certaines régions du monde.
Il en ira de même en Ukraine, a-t-il illustré. L'argent public pour la reconstruction ne suffira pas, les capitaux privés seront nécessaires. Mais les institutions multilatérales devront offrir des garanties.
«Si nous ne trouvons pas une solution à ces problèmes, nous n'arriverons jamais à atteindre les objectifs», a conclu M. Hildebrand, appelant à agir par tous les moyens pour inciter les gouvernements à mettre en place le cadre réglementaire nécessaire.