NeuchâtelPlan d'action contre l'impact des droits de douane
ATS
23.10.2025 - 12:19
Le Conseil d'Etat neuchâtelois veut soutenir les entreprises affectées par la situation conjoncturelle accentuée par l'augmentation des droits de douane américains. Il sollicite un montant de 7,93 millions de francs en faveur d'un plan d'action, via un amendement au budget 2026.
La conseillère d'Etat neuchâtelois Florence Nater a présenté un plan d'action en faveur des entreprises du canton touchées par la hausse des droits de douane américains (archives).
ATS
Keystone-SDA
23.10.2025, 12:19
23.10.2025, 15:53
ATS
Avec son train de mesures, le canton veut «limiter les conséquences de la hausse tarifaire sur l'économie et l'emploi», a indiqué jeudi à Neuchâtel la conseillère d'Etat Florence Nater. Il inscrit le plan d'action dans un esprit de moratoire visant à préserver tant le partenariat social que la stabilité des conditions-cadre".
L'idée consiste à éviter toute mesure de complication administrative et à maintenir l'acquis. «Se serrer les coudes ensemble», a résumé la ministre de l'économie et de la cohésion sociale, pour qui 2026 s'annonce difficile. «Le tout dans un environnement d'incertitude majeure», a ajouté Matthieu Aubert, chef du Service de l'économie.
Ne pas attendre
Les relations commerciales avec les Etats-Unis se sont détériorées depuis le printemps et l'arrivée de Donald Trump à la présidence, dans un contexte conjoncturel déjà dégradé. Les droits de douane pour les biens suisses ont été finalement fixés à 39% dès le 7 août, alors qu'un taux de 10% «seulement» était craint en avril encore.
Le plan d'action, qui comprend 5 millions pour des mesures de politique économique et 2,93 millions pour des mesures de politique de l'emploi, se déploiera dès 2026. Les montants seront compensés par un prélèvement à la réserve conjoncturelle. La démarche reflète la nécessité de «réagir sans attendre», a dit Florence Nater.
«Face à une situation potentiellement critique aussi bien pour l'économie neuchâteloise que pour le canton dans son ensemble», a averti la conseillère d'Etat. Dans le pire des cas, le taux de chômage, à 4,6% aujourd'hui, pourrait grimper à 10%. Et la réduction de l'horaire de travail (RHT) ne donne pas encore d'image très nette.
Chocs externes
Comme lors de la crise des «subprimes» en 2008 et celle causée par l'abandon du cours plancher de l'euro en 2015, Neuchâtel se trouve à nouveau fortement exposé de par sa vocation industrielle. En 2024, le canton a contribué à 17% de l'excédent commercial suisse à lui seul, en étant le troisième canton le plus exportateur par habitant.
L'industrie, horlogerie et machines avant tout, représente un tiers des emplois et plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) neuchâtelois. Mais entre 1400 et 5700 postes sont menacés, selon les projections. Les Etats-Unis concentraient 37% des exportations cantonales de 14,8 milliards l'an passé, soit 5,4 milliards.
«On espère que la Confédération parvienne à un accord», a relevé Florence Nater. Cette dernière a évoqué deux axes: penser aux cantons industriels sur le plan fédéral et prendre des mesures sur le plan cantonal. Sans oublier une «étroite» concertation entre les milieux économiques et syndicaux, via la task force économie-emploi.
Nouvelle donne
L'objectif vise à préserver l'emploi local, a insisté la magistrate socialiste. Nombre d’industries clés subissent une hausse substantielle de leurs coûts d’accès au marché américain. L'effet est atténué pour l'heure par les anticipations qui les ont incité à constituer des stocks avant l'entrée en force des droits de douane.
Dans le détail, le catalogue de mesures comprend une hotline à l’intention des entreprises, un soutien aux projets d’innovation et de diversification, un renforcement des outils d’aide au développement économique, un financement de formations pendant la RHT, ou chômage partiel, ou encore des aides au recrutement.
Le plan d’action doit contribuer à assurer et à renforcer la résilience des secteurs industriels via un soutien à la formation, à l’innovation ou encore à la montée en compétences et en gammes des entreprises. Il s’agit de favoriser l’adaptation de l’"écosystème" neuchâtelois à la nouvelle donne économique et géopolitique mondiale.