L'abus de plats industriels «ultra-transformés» augmente le risque cardiovasculaire et de décès, suggèrent deux études publiées jeudi. Les recherches menées auprès de plus de 120'000 personnes ne permettent cependant pas de démontrer un lien direct de cause à effet.
Elles renforcent tout de même les arguments de travaux précédents liant les plats hautement transformés à un risque accru d'obésité, d'hypertension artérielle, voire de cancers.
Des aliments sont considérés ultra-transformés quand ils ont subi des procédés industriels de transformation (huile hydrogénée, amidon modifié, etc.) et contiennent de nombreux ingrédients, notamment des additifs.
Un plat préparé, sans additifs, congelé ou pas, n'en fait pas partie. Mais la plupart des plats prêts à réchauffer, les sodas sucrés ou contenant des édulcorants, les «steaks» végétaux reconstitués avec additifs, les saucisses, les soupes en poudre et les snacks en général en font partie.
Ils sont généralement plus riches en sel, graisses saturées, sucre et pauvres en vitamines et en fibres, selon les chercheurs. S'y ajoutent des contaminants provenant des emballages et des contenants en plastique.
Maladies coronariennes
Les deux études sont parues dans le British Medical Journal (BMJ). Celle de l'Inserm dirigée par la Dr Mathilde Touvier porte sur plus de 100'000 participants, en majorité des femmes, participant à l'étude NutriNet-Santé (suivis entre 2009 et 2018, sur six ans au maximum). Elle a évalué la consommation de 3300 aliments et boissons, classés selon leur degré de transformation industrielle.
La consommation d'aliments ultra-transformés s'est révélée être associée à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires (1409 cas sur les 105'159 participants), et en particulier de maladies coronariennes (665 cas) et de maladies cérébro-vasculaires (829 cas).
Une augmentation de 10 points de pourcentage d'aliments ultra-transformés dans la nourriture – en passant par exemple de 15% à 25% – est associée à une augmentation de 12% du risque de maladies cardiovasculaires (13% pour les maladies coronariennes et 11% pour les AVC et leur forme transitoire).
L'autre étude, de Maira Bes-Rastrollo de l'université de Navarre, à Pampelune, évalue les associations possibles entre l'ingestion d'aliments ultra-traités et le risque de décès quelle qu'en soit la cause. Elle porte sur 19'899 diplômés universitaires espagnols, âgés en moyenne de 38 ans.
La recherche conclut qu'une consommation plus élevée d'aliments ultra-transformés (plus de 4 portions par jour) est associée à un risque accru de mortalité toutes causes confondues de 62% comparativement à une consommation moindre (moins de 2 portions par jour). Chaque portion journalière supplémentaire d'aliments ultra-transformés augmentait le risque de mortalité de 18%.
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