Slovaquie Procès du meurtre de Jan Kuciak

ATS

13.1.2020 - 21:00

L'interprète, qui figure parmi les accusés, a été escortée dans la salle d'audience à travers une foule compacte.
L'interprète, qui figure parmi les accusés, a été escortée dans la salle d'audience à travers une foule compacte.
Source: KEYSTONE/AP/VG

L'un des quatre accusés du meurtre du journaliste d'investigation slovaque Jan Kuciak a décrit en détail lundi le crime dont il plaide coupable. Ce procès se déroule à Pezinok, près de Bratislava.

«J'ai frappé à la porte, M. Kuciak m'a ouvert. Je lui ai tiré dans la poitrine», a raconté l'ancien soldat professionnel Miroslav Marcek, 37 ans, au tribunal.

«Malheureusement, j'ai vu qu'il y avait une autre personne, elle a couru dans la cuisine et j'ai tiré sur elle là-dedans. Je sais qu'elle est morte sur le coup. En partant, j'ai tiré encore une fois sur M. Kuciak, qui était couché sur les marches», a-t-il ajouté.

Enquête sur la corruption

Jan Kuciak avait enquêté sur la corruption, y compris sur des liens présumés entre des hommes politiques et la mafia italienne, ainsi que sur les activités du commanditaire présumé de son assassinat, le richissime homme d'affaires Marian Kocner.

Le double meurtre perpétré en février 2018 avait déclenché des manifestations de masse contre le gouvernement du Premier ministre Robert Fico, qui avait fini par démissionner. Le mouvement a ouvert la voie à l'élection à la présidence slovaque de l'avocate libérale et militante anticorruption Zuzana Caputova, en mars.

Pardon aux familles

Miroslav Marcek a officiellement plaidé coupable lundi et dit vouloir demander pardon aux familles des victimes «pour la douleur que nous leur avons causée».

«Les voir à la télévision et voir leur peine m'a fait dire ce qui s'est passé. Je le regrette, mais je ne peux pas le changer», a-t-il encore dit. Il est jugé aux côtés de Marian Kocner et de deux complices présumés.

L'un d'eux, Tomas Szabo, qui a servi de chauffeur à Miroslav Marcek, a déclaré devant le tribunal qu'au moment des faits ce dernier n'avait pas reconnu avoir tué le journaliste et sa fiancée, mais avait affirmé les avoir trouvés morts.

Marian Kocner, quant à lui, a refusé d'être interrogé et de commenter les accusations portées contre lui, précisant que lui et son avocat avaient des «objections» à leur sujet. Enfin, le quatrième accusé, l'ancienne interprète de Marian Kocner, Alena Zsuzsova, a affirmé n'avoir «jamais de sa vie commandité un assassinat à M. Andrusko».

Il s'agit de Zoltan Andrusko, l'intermédiaire qui a passé des aveux et a été condamné à quinze ans de prison en vertu d'un accord avec la justice, au cours d'un procès séparé, le 30 décembre. Il doit se présenter mardi devant le tribunal en qualité de témoin.

Prison à vie encourue

S'ils sont reconnus coupables, les accusés risquent une peine allant de 25 ans de prison à la réclusion à perpétuité.

Marian Kocner, 56 ans, qui fait l'objet d'autres poursuites pour des opérations financières suspectes et pour fraude fiscale, était connu pour son hostilité envers les journalistes, qu'il avait coutume d'insulter et de menacer.

L'acte d'accusation, qui compte 93 pages, avait fait l'objet de fuites dans les médias. Selon ces derniers, Marian Kocner, ne trouvant «aucune saleté» pour discréditer le journaliste gênant, a fini par «décider de s'en défaire physiquement et empêcher ainsi de nouvelles révélations sur ses activités».

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