AutomobileLa «Renaulution» doit relancer les ventes de Renault
afp
14.1.2021 - 09:04
Des R5 et 4L électriques, des économies et des plans pour Alpine: Renault doit dévoiler jeudi sa feuille de route pour affronter la révolution du secteur automobile.
Déjà en difficulté, le groupe français a été durement frappé par les conséquences la crise sanitaire. Il a annoncé fin mai un plan d'économies de plus de 2 milliards d'euros (2,2 milliards de francs) sur trois ans, prévoyant quelque 15'000 suppressions de postes dans le monde.
Les ventes ont chuté de 21,3% au niveau mondial, ses marques Renault, Dacia, Alpine et Lada étant très exposées dans les pays qui ont été les plus sévèrement confinés.
Après un mariage raté avec Fiat-Chrysler, qui a finalement choisi Peugeot-Citroën, Renault sort également du scandale provoqué par l'arrestation et l'évasion au Japon de son ex-directeur général Carlos Ghosn, accusé de malversations financières.
Vers la transition écologique
Deuxième constructeur mondial via son alliance avec Nissan-Mitsubishi, Renault doit maintenant s'engager à fond dans la transition écologique du secteur, devenir plus rentable, et s'adapter aux nouvelles habitudes de consommation des automobilistes, ce qu'il appelle la «Renaulution».
Transfuge du groupe Volkswagen et arrivé en juillet, le nouveau directeur général de Renault Luca De Meo a déjà annoncé que le groupe allait privilégier «la profitabilité aux volumes», c'est-à-dire vendre moins de voitures mais les vendre plus cher.
M. De Meo et Jean-Dominique Senard, président de Renault, en ont discuté lundi avec le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher, l'Etat étant actionnaire du groupe. Le plan a aussi été présenté aux syndicats mercredi soir.
«M. De Meo veut donner du punch au groupe. L'objectif sera un meilleur cadrage des activités de chaque marque», a déclaré une source dans l'entreprise.
Energies alternatives
Pionnier dans l'électrique avec la ZOE, Renault a multiplié les annonces ces derniers mois avec une Twingo électrique, une Dacia à batterie positionnée comme la voiture électrique la moins chère du marché, et une nouvelle Mégane électrique. Le groupe a également dopé en 2020 son offre de véhicules hybrides et hybrides rechargeables.
«En 2025, il n'y aura plus de moteurs thermiques seuls dans la gamme», a souligné à l'AFP Gilles Le Borgne, directeur de l'ingénierie du groupe Renault. Exit le diesel, qui souffre d'un «anathème» et pourrait être chassé des centre-villes: «on va garder une famille de moteurs essence, combinée avec nos chaînes de traction hybride».
Dès mardi, le constructeur a dévoilé le premier volet de la «Renaulution»: il va se renforcer dans les camionnettes à hydrogène dès la fin 2021, via une coentreprise avec le pionnier américain Plug Power. Le constructeur va également continuer à investir dans le gaz naturel (GNV) et le GPL, qui rencontre un beau succès chez Dacia.
Electrique rétro
Pour marquer davantage son virage vers le futur, Renault pourrait présenter jeudi des voitures électriques aux lignes inspirées de la R5, la star des années 1970, mais aussi de la 4L, autre icône légère et fiable de Renault, selon une autre source au sein de l'entreprise.
Le directeur général de Renault devrait également préciser ses projets pour Alpine, qui regroupe désormais toutes les activités sportives du groupe. La marque historique a une nouvelle tête depuis lundi: Laurent Rossi, ex-directeur de la stratégie du groupe, a remplacé Cyril Abiteboul, figure de Renault en Formule 1.
Selon la même source dans le groupe, il pourrait y avoir trois modèles Alpine: «la remplaçante de la 110 actuelle, un modèle un peu SUV» et une Mégane estampillée Alpine qui remplacerait la Mégane RS, adulée par les amateurs de circuit.
«La seule information qu'on a, c'est qu'il (Luca De Meo) souhaite lancer un petit véhicule qu'on pourrait fabriquer en France», souligne Jean-François Pibouleau de la CGT. «Pour nous, ce qui est important, c'est l'emploi et que Renault sorte de la salle des urgences», explique Mariette Rih, de FO.
Luca de Meo a déjà cherché à rassurer sur l'avenir de l'usine historique de Flins (Yvelines) qui, quand elle cessera de fabriquer des véhicules neufs en 2024, se consacrera au reconditionnement de véhicules récents, au recyclage de véhicules hors d'usage, à la réparation et la réutilisation de batteries.