La SNCF promet une nette amélioration du trafic ferroviaire lundi, avec des perturbations limitées aux TER et Intercités, sans que le conflit entre syndicats et direction sur les «problèmes de sécurité» soit résolu.
Les trains Ouigo, dont le trafic a été très perturbé pendant le weekend, «circuleront normalement», de même que les TGV, selon les prévisions communiquées par la SNCF dimanche soir. Circulation normale également sur l'ensemble des lignes du réseau Transilien.
Seuls les TER, avec trois trains sur quatre, et les Intercités (deux trains sur trois) continueront à être impactés, au quatrième jour de ce bras de fer entre syndicats et direction autour du «droit de retrait».
Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a rappelé dimanche soir que les billets seraient remboursés «à 100%«, y compris ceux normalement non remboursables. Il a annoncé la mise en place rapide d'un fonds d'indemnisation d'un million d'euros pour les voyageurs qui ont subi «des dommages exceptionnels», notamment ceux qui ont dû acheter d'autres billets ou se loger à l'hôtel.
A l'origine du mouvement, un accident survenu mercredi soir, lorsqu'un TER reliant Charleville-Mézières à Reims a percuté un convoi routier exceptionnel coincé sur un passage à niveau, faisant 11 blessés dont plusieurs hospitalisés. Le conducteur, qui a porté secours aux passagers alors qu'il était lui-même blessé, était le seul agent SNCF à bord.
Les syndicats contestent ce mode de fonctionnement, qui permet de faire circuler des trains sans contrôleur, évoquant des risques de sécurité. Ils pointent aussi des problèmes de sécurité particuliers à l'engin accidenté, un autorail grande capacité (AGC).
La direction a mis sur la table trois propositions qui ne les satisfont pas: modification de «certains équipements» de l'AGC; des groupes de travail sur les procédures de sécurité «dans les jours qui viennent» et «accélération» des recrutements, a résumé samedi Guillaume Pepy.
Il a également dénoncé une «grève surprise qui ne respecte pas la loi», puisque à la SNCF le préavis est obligatoire.
Pour les syndicats au contraire, il s'agit bien d'un droit de retrait, une procédure exercée par un salarié lorsqu'il considère qu'il existe un danger grave et imminent pour sa vie et sa santé, ou s'il constate une défectuosité dans les systèmes de protection.
«Passerelles pour un dialogue»
Le Premier ministre Edouard Philippe a dénoncé un «détournement du droit de retrait qui s'est transformé en grève sauvage» et a «demandé à la SNCF d'examiner toutes les suites qui pouvaient être données, et notamment judiciaires». Le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a estimé que la SNCF pourrait prononcer des sanctions individuelles et saisir la justice. Dans une interview au Parisien lundi, M. Pepy précise que «dès lors qu'un conducteur gréviste a été qualifié en 'absence irrégulière', il y aura naturellement une retenue sur son salaire, de l'ordre de 70 à 100 euros par jour».
«Droit de retrait ou pas droit de retrait, ce qui compte, c'est de sortir de cette situation dans l'intérêt de l'usager, du contribuable», a réagi dimanche sur BFM TV Benoît Simian, député LREM et ancien cadre des ressources humaines à la SNCF.
«Le nouveau président de la SNCF prend ses fonctions le 1er novembre, il lui appartiendra de recréer des passerelles pour un dialogue», a-t-il ajouté à propos de Jean-Pierre Farandou, qui va succéder à Guillaume Pepy.
En attendant, les syndicats planchent sur la suite à donner.
L'Unsa (2e syndicat SNCF) va organiser des réunions en interne dès ce lundi «pour décider de la stratégie à adopter», a souligné Didier Mathis, son numéro un. Mais il écarte d'emblée l'idée de déposer un préavis de grève.
SUD-Rail (3e syndicat) «va continuer de soutenir les cheminots qui vont exercer le droit de retrait car la direction ne propose rien de concret pour la sécurité», selon Julien Troccaz.
La CGT (1er syndicat) a lié samedi dans un communiqué les revendications et appelé à participer «massivement» à la journée d'action du 5 décembre contre la réforme des retraites et accuse le Premier ministre de vouloir «le pourrissement».
En attendant, la direction prévoit une réunion «avec les partenaires sociaux dès jeudi», a indiqué Guillaume Pepy au Parisien.
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