La société spatiale californienne SpaceX a lancé lundi 60 satellites supplémentaires pour sa constellation Starlink de fourniture d'internet à haut débit depuis l'espace. Ce service est destiné à couvrir en priorité les zones isolées ou mal connectées du globe.
Une fusée Falcon 9 a décollé sans incident de Cap Canaveral à 21h19 heure locale (03h19 en Suisse), selon une retransmission en direct du lancement par SpaceX. Une heure après, la grappe de 60 satellites s'est séparée sans encombre à 290 km au-dessus de l'océan entre l'Australie et l'Antarctique, une étape filmée en direct par une caméra à bord du second étage de la fusée.
Si la mise en orbite réussit, la constellation comptera environ 180 satellites, après deux lancements de 60 l'an dernier (quelques-uns des premiers satellites lancés sont tombés en panne).
Planet Labs, société basée à San Francisco qui photographie chaque jour toute la Terre en haute résolution, a environ 140 satellites actifs en orbite, ce qui représentait jusqu'à présent la plus grande constellation active.
Jusqu'à 42'000 satellites
SpaceX utilise ses propres Falcon 9, qui sont réutilisables, et a prévu une cadence de lancement inédite: elle en prévoit deux autres d'ici fin janvier. Et une responsable de SpaceX avait dit en septembre qu'elle espérait réaliser deux lancements par mois en 2020, un rythme que la société n'a pas encore prouvé qu'elle était capable de tenir, techniquement ou financièrement.
Au total, la société fondée par Elon Musk a demandé des licences pour envoyer jusqu'à 42'000 satellites, un chiffre tout à fait hypothétique à ce stade. SpaceX a redit lundi que son service internet serait opérationnel en 2020 pour le Canada et le nord des États-Unis, et que le reste du monde commencerait à être couvert après 22 lancement supplémentaires.
Si la constellation se concrétise, SpaceX aura plus de satellites en activité que l'ensemble des autres opérateurs de la planète réunis, civils et militaires, qu'on estime à environ 2100.
Les petits satellites Starlink d'environ 200 kg, équipés d'un panneau solaire, sont fabriqués, lancés et opérés par SpaceX. Après le déploiement par la fusée, ils monteront doucement, avec leur propre propulsion pendant un à quatre mois, jusqu'à leur orbite opérationnelle de 550 km.
Des points dans la nuit
L'altitude relativement basse de 550 km devrait permettre un temps de réponse plus rapide que les satellites de télécommunications traditionnels, qui volent en orbite géostationnaire à 36'000 km. Ce temps réduit est crucial pour les jeux vidéo en ligne, ou les conversations vidéo.
Le maillage du ciel devra être assez dense pour que plusieurs satellites Starlink soient toujours en ligne directe avec l'abonné. SpaceX n'a pas dévoilé de prix ou de mode d'abonnement, mais le terminal de réception devrait avoir une antenne plate de la taille d'une boîte de pizza.
Le marché le plus lucratif n'est pas les internautes des villes et des zones déjà bien reliées à internet par la fibre ou le câble, mais des régions mal connectées où le débit est faible, les zones rurales et désertiques, ou encore les océans.
Le lancement de la première grappe en mai 2019 avait provoqué un émoi dans la communauté des astronomes, car le «train» de 60 satellites était clairement visible dans le ciel nocturne, la lumière du Soleil se reflétant sur les appareils en altitude. L'idée que des milliers d'autres les rejoignent dans l'espace faisait craindre un ciel moucheté et ruiné à jamais pour les observations astronomiques.
Après avoir balayé ces critiques, Elon Musk a reconnu leur légitimité. L'un des 60 satellites lancés lundi a un traitement différent sur sa surface, afin qu'il reflète moins la lumière. «Mais SpaceX n'a pas encore rassuré les astronomes», dit à l'AFP Laura Seward Forczyk, analyste du secteur spatial. Il faudra plusieurs jours pour comparer cette nouvelle version des satellites Starlink à la précédente.
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