1700 postes menacés Swiss taille encore dans ses effectifs et réduit son envergure

jh

6.5.2021 - 10:35

Keystone-SDA, jh

Confronté à un affaissement désormais considéré comme «structurel» de la demande pour le transport aérien, Swiss International Air Lines annonce jeudi un vaste plan de redimensionnement de sa flotte comme de ses effectifs. Jusqu'à 780 collaborateurs, occupant 650 équivalents plein temps, pourraient se voir signifier un licenciement, dont environ 400 parmi le personnel de cabine, 200 au sol, 120 pilotes et 60 techniciens.

Swiss prévoit une vaste restructuration entraînant la suppression d'un maximum de 1700 postes, dont plusieurs centaines de licenciements (archives).
Swiss prévoit une vaste restructuration entraînant la suppression d'un maximum de 1700 postes, dont plusieurs centaines de licenciements (archives).
ATS

La restructuration doit déboucher sur la suppression de 1700 équivalents plein temps par rapport à 2019, correspondant à 20% des effectifs totaux. La filiale de Lufthansa comptait en effet déjà depuis l'automne dernier sur les fluctuations naturelles et les départs volontaires pour biffer d'ici la fin de l'année un millier d'équivalents plein temps, dont 500 avaient déjà disparus fin décembre.

«Toutes les conditions imposées par la Confédération suisse dans le cadre du prêt bancaire garanti seraient respectées», assure l'entreprise dans son communiqué. Berne exige notamment que l'offre de vols de Swiss évolue proportionnellement à celle de sa maison-mère allemande.

La flotte court et moyen-courriers doit être ramenée à 59 appareils, contre 69 en 2019. Le retrait de cinq Airbus doit ramener le nombre d'appareils long-courriers à 26. Swiss entend préserver sa présence sur les aéroports de Zurich comme de Genève.

La restructuration doit déboucher sur des économies pérennes de l'ordre du demi-milliard de francs. «L'objectif est de pouvoir rembourser rapidement notre prêt bancaire tout en préservant notre compétitivité et notre capacité d'investissement à long terme», explique le nouveau directeur général Dieter Vranckx, cité dans la publication.

Swiss assure que des alternatives sont à l'étude avec les partenaires sociaux dans le cadre de la procédure de consultation fraîchement lancée. Des plans sociaux ont déjà été élaborés pour l'ensemble du personnel, à l'exception de celui dans le cockpit. La protection contre les licenciements dont jouissent actuellement les pilotes du fait de leur convention collective de travail va nécessiter des négociations avec le syndicat Aeropers.

Swiss prévoit de faire le point à l'issue des pourparlers, agendée pour la mi-juin.

Mesures destructrices, moment mal choisi

Entre fatalisme et révulsion, les réactions syndicales ne se sont pas faites attendre. La plupart redoutent que les sacrifices annoncés empêchent la compagnie nationale de profiter du rétablissement prochain attendu dans le domaine du transport aérien.

Kapers, représentant le personnel de cabine, rappelle que ses membres figurent déjà au rang des premiers à avoir fait des concessions à l'automne dernier, lors de l'annonce du premier paquet de mesures.

Le SEV-Gata dénonce au nom du personnel de cabine un licenciement collectif qui risque de mettre à mal la confiance des collaborateurs et de la population envers la nouvelle direction de Swiss. Son président, le conseiller national socialiste Philipp Hadorn, rappelle que le transporteur aérien a bénéficié depuis le début de la pandémie d'un vaste élan de solidarité, qui s'est traduit au niveau politique par un accès facilité aux indemnités de chômage partiel.

M. Hadorn dénonce par ailleurs le choix d'un moment inapproprié pour annoncer un tel démantèlement, alors que battent leur plein les campagnes de vacccination et à l'aube de l'instauration de certificats «sans Covid».

Le syndicat du trafic aérien SSP évoque de son côté une concrétisation du scénario du pire, alors que Swiss peut encore bénéficier des mesures de chômage partiel. L'association promet d'ores et déjà d'examiner d'un oeil critique chaque licenciement prononcé.

Sur le plan politique, le président de la Confédération Guy Parmellin a assuré dans un tweet que la Confédération et les pouvoirs publics concernés mettaient tout en oeuvre pour atténuer les effets de la décision annoncée ce jour par Swiss.