Zurich
L'élevage de porcs devient de moins en moins respectueux des animaux en Suisse. La PSA sonne l'alerte. Elle exige une meilleure indemnisation des surcoûts liés aux espaces extérieurs et une plus grande rémunération des paysans sur le franc versé par le consommateur.
Actuellement, seuls 50% des porcs élevés en Suisse bénéficient d'un espace extérieur. Ils étaient encore 58% en 2010, rappelle mardi la Protection suisse des animaux (PSA). Cette évolution négative est la conséquence directe de l'insuffisance des subventions accordées par la Confédération en faveur du bien-être de cet animal sensible et intelligent, dénonce l'organisation.
Labels pas assez attractifs
Parce que les charges supplémentaires liées à une détention avec espaces extérieurs ne sont pas suffisamment indemnisées, de plus en plus de paysans investissent dans des halles conventionnelles lorsqu'il s'agit de construire de nouvelles installations. Pire, 500'000 porcs engraissés par du petit-lait inutilisé en laiterie vivent sur du béton dur et perforé, au-dessus de leurs excréments, sans jamais voir la lumière du jour.
"C'est malheureusement légal. Beaucoup de consommateurs ne le savent pas", a souligné Hansuli Huber, directeur de la PSA face aux médias réunis à Zurich. Les porcs élevés dans des exploitations labellisées "Naturafarm" ou autre "Terra Suisse" vivent dans de meilleurs conditions, mais cette proportion diminue.
La stratégie des grands distributeurs, misant surtout sur la viande de porc à bas prix est l'une des principales raisons de cette régression. Tout comme leur tendance à s'octroyer des marges trop élevées sur le porc labellisé, dénonce la PSA.
Appel aux détaillants et à Berne
Pour inverser la tendance, la PSA demande que les agriculteurs obtiennent à l'avenir une plus grande part sur le franc versé par le consommateur et des prix plus élevés en contrepartie d'un élevage paysan conforme aux besoins de l'espèce. Elle appelle aussi les producteurs de fromages à réexaminer d'un oeil critique les élevages de porcs liés à leur laiterie, et de les faire progresser au niveau d'un standard de label.
Autre revendication de la PSA: la Confédération doit assumer judicieusement la promotion, prescrite par la Constitution, d'élevages en plein air et avec parcours respectueux des animaux. Selon l'organisation, seuls 15% des paiements directs sont investis dans le bien-être et la santé des animaux. Et d'appeler à la réduction de l'utilisation d'antibiotiques dans l'agriculture.
Quant au commerce de détail et à la gastronomie, ils sont invités à prendre leurs responsabilités notamment en élargissant l'offre de produits labellisés. Une brochure préparée avec GastroSuisse sera publiée cet automne à l'attention des restaurateurs et cuisiniers.
Invité "par erreur" à la conférence de presse, le président de Suisseporcs a lui aussi déploré le recul de la viande labellisée. Mais il a rappelé que le consommateur de viande était très sensible au prix. Si les clients se tournaient davantage vers la viande étrangère, "la protection des animaux y perdrait aussi", a-t-il mis en garde.
Porcelets: éviter la catastrophe
Parmi ses exigences, la PSA demande par ailleurs à la branche de réduire la production de porcelets. Dans le cas contraire, les paysans n'auront bientôt plus suffisamment de place pour eux dans les étables.
En effet, dès la fin août 2018, environ 60'000 places d'engraissement disparaîtront: les producteurs devront avoir réduit les surfaces en béton perforé à un tiers de la surface totale. Chaque porc aura droit à un espace de 0,9 mètre carré, au lieu de 0,65 jusque-là.
Si l'élevage de porcelets se poursuit au même rythme, il faudra probablement en tuer des dizaines de milliers, dénonce la PSA. "Ce ne serait pas acceptable sur le plan éthique", proteste Hansuli Huber. Ce d'autant moins que les abattoirs ne sont pas équipés à cette fin.
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