Bank of America, Citigroup et Goldman Sachs ont à leur tour dépeint mercredi un tableau sombre de l'économie américaine, mise à l'arrêt par la pandémie de coronavirus,
Les géants bancaires ont mis de côté des milliards de dollars pour couvrir une avalanche attendue de prêts non remboursés des particuliers et des entreprises.
Les trois banques ont envoyé un message semblable à celui délivré la veille par leurs rivales JPMorgan Chase et Wells Fargo, à savoir que le plus dur est à venir.
Près de douze ans après la crise financière, elles ont toutefois tenu à préciser qu'elles disposaient de suffisamment de liquidités pour résister à la crise sanitaire actuelle.
Bank of America a provisionné 4,8 milliards de dollars (4,6 milliards de francs), le montant le plus élevé depuis 2010, ce qui a fait chuter son bénéfice net de 48,4% à 3,5 milliards au premier trimestre.
Cette somme inclut une charge de 1,1 milliard de dollars pour des prêts non remboursés par des entreprises.
Le profit de Citigroup a plongé de 46,6% à 2,5 milliards après une provision de 7 milliards de dollars pour parer aux futurs impayés des clients.
«Nos résultats du premier trimestre ont été impactés de façon significative par la pandémie de Covid-19», a justifié le directeur général Michael Corbat.
Signe de l'ampleur des dégâts: Goldman Sachs a dû provisionner 937 millions de dollars, soit plus de quatre fois le montant qu'elle estimait nécessaire il y a un an pour faire suppléer aux défauts de paiements des clients.
Cette somme est importante dans la mesure où Marcus, sa plateforme de prêts et dépôts à destination du grand public, existe seulement depuis 2016 et que son activité demeure faible comparée aux activités de financement de l'économie de ses rivales.
«Cette hausse est liée aux (incertitudes planant sur les) crédits accordés aux entreprises, notamment celles du secteur énergétique qui sont sous pression et à l'impact du Covid-19 sur l'environnement économique», a justifié Goldman Sachs, ajoutant s'attendre à des défaillances de la part des détenteurs de la carte bancaire qu'elle propose depuis plusieurs mois en partenariat avec Apple.
Le bénéfice net trimestriel a ainsi été divisé par près de deux, à 1,1 milliard de dollars.
La spéculation se distingue
La situation ne devrait pas s'arranger dans les prochains mois, a prévenu Paul Donofrio, le directeur financier de Bank of America, alors que des experts espèrent une légère amélioration en raison du plan de 2.200 milliards de dollars promulgué fin mars par Donald Trump pour soutenir l'économie.
«Au vu de l'augmentation des demandes d'inscriptions au chômage, nous anticipons une croissance des défaillances des consommateurs en fin d'année, avec la possibilité que ça s'étale en 2021», a déclaré M. Donofrio, lors d'une conférence téléphonique d'analyse des résultats.
L'arrêt brusque de l'activité économique aux Etats-Unis mi-mars a été suivi de la fermeture de milliers de commerces et de PME. Les usines sont à l'arrêt.
Les grandes entreprises, en quête de trésorerie, se sont précipitées pour avoir accès immédiatement aux lignes de crédit que leur avaient ouvert les banques pour éviter de faire faillite.
Quelque 16 millions d'Américains se sont inscrits au chômage fin mars et début avril. De nombreux ménages et PME ont du mal à payer leurs factures, leurs crédits à la consommation et à honorer leurs mensualités.
L'économie a continué à envoyer des signaux négatifs mercredi: les ventes au détail ont chuté en mars, tandis que l'activité manufacturière dans la région de New York est ressortie à son plus bas historique en avril.
Face à cette morosité, Bank of America a par exemple autorisé ses clients à reporter jusqu'à trois mois les mensualités de la plupart de leurs prêts. Environ 16% des PME clientes ont déjà demandé à bénéficier de cette mansuétude.
Les frais pour découvert peuvent également être supprimés pour les clients en difficulté, tandis que les saisies des maisons des clients ne pouvant rembourser leur crédit immobilier ont été suspendues.
Si les crédits sont devenus un casse-tête, les banques peuvent compter, comme c'est souvent le cas lors des crises, sur les activités spéculatives.
Le chiffre d'affaires trimestriel de Citigroup a augmenté de 11,6% à 20,7 milliards de dollars, grâce à un bond de 37% à 6,5 milliards des revenus des activités spéculatives, notamment du courtage des produits financiers liés aux matières premières, devises et obligations (Fixed Income).
La même activité de «Fixed Income» a vu ses recettes bondir de 33% chez Goldman Sachs.
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