ÉconomieMaillard fustige les 15 millions du patron d’UBS: «ll n'y a pas de gêne, pas de retenue.»
ATS
17.3.2025 - 19:51
La rémunération du directeur général d'UBS, qui a touché l'an dernier une rémunération totale de 14,93 millions de francs, ne passe pas. «Personne ne mérite quinze millions de francs par année», a dit lundi Pierre-Yves Maillard, le patron de l'Union syndicale suisse et conseiller aux Etats (PS/VD) à Keystone-ATS, en marge de la session parlementaire au Palais fédéral.
Le conseiller aux États Pierre-Yves Maillard dénonce des rémunérations « exagérées » et appelle à fixer des limites dans le secteur bancaire. (archives).
sda
Keystone-SDA
17.03.2025, 19:51
ATS
«C'est un salaire que la majorité des gens ne gagneront jamais, même en toute une vie. Puis de toute façon, dans dix ans, on nous dira qu'ils méritent cinquante millions. Ce n'est simplement plus supportable. Il faut maintenant que l'on décide de mettre une limite à ces exagérations», a poursuivi le socialiste vaudois.
«J'espère que le Conseil National suivra le Conseil des Etats. C'est quand même assez extraordinaire que ce soit le Conseil des Etats qui décide de mettre de l'ordre dans ces excès. A droite maintenant, même à l'UDC puisque la motion vient de ce parti, on comprend que les dirigeants des banques sont incapables de s'autolimiter».
«ll n'y a pas de gêne, pas de retenue. Il n'y a pas de compréhension de ce que cela signifie de payer ses factures à la fin du mois pour la plupart des gens.»
«Dans ces conditions, c'est le rôle de la démocratie et de la politique de fixer quelques règles, qui laissent encore une large place à des rémunérations tout à fait confortables», a conclu l'homme de gauche.
Le directeur général d'UBS a touché l'an dernier une rémunération totale de 14,93 millions de francs, lit-on dans le rapport annuel de la banque publié lundi. Revenu en avril 2023 au faîte de la banque aux trois clés pour superviser l'intégration de Credit Suisse, Sergio Ermotti avait perçu 14,4 millions sur neuf mois en 2023.
D'autres parlementaires fédéraux se sont montrés choqués par le salaire à huit chiffres du patron d'UBS, mais au micro de Keystone-ATS, les avis divergeaient lundi sur la création de règles plus strictes en matière de rémunération dans le secteur bancaire.
Le salaire dépend aussi «du succès»
Je trouve de tels salaires tout simplement incompréhensibles», a déclaré le conseiller national fribourgeois Gerhard Andrey (Vert-e-s). D'une part parce que l'UBS bénéficie d'une garantie de fait de l'Etat, d'autre part parce que de tels salaires ne se justifient pas par la performance individuelle. «Je peux tout à fait m'imaginer que nous plafonnions les salaires», a poursuivi M. Andrey.
Le conseiller national jurassien UDC Thomas Stettler ne s'est pas montré surpris par le montant du salaire de M. Ermotti. Il l'a cependant qualifié de disproportionné. Il est choquant que de l'argent public soit injecté dans la banque, a poursuivi M. Stettler auprès de Keystone-ATS.
Le Jurassien a toutefois rejeté la création de règles plus strictes en matière de rémunération dans le secteur bancaire: «Il est complètement faux d'intervenir dans le marché libre», a-t-il déclaré. La question est de savoir si l'on veut conserver en Suisse une banque d'importance internationale, selon lui.
Une grande partie du salaire de M. Ermotti est liée aux résultats, et le patron de l'UBS paie également «un tas d'impôts et de charges sociales», a déclaré pour sa part le conseiller national zurichois Beat Walti (PLR). De plus, il existe déjà une régulation des salaires des cadres supérieurs dans l'économie.
«Je pense que la bonne voie est celle selon laquelle les actionnaires exercent une influence active sur la politique des salaires», a poursuivi M. Walti. En effet, il s'agit davantage de la réussite de l'économie dans son ensemble que de cas particuliers.
Lorsque l'UBS est intervenue auprès du CS, elle a également pris des risques considérables. De ce point de vue, on ne devrait pas imposer de restrictions supplémentaires à l'UBS, a ajouté le libéral-radical en vue du débat attendu mardi au Conseil national.
Interventions en suspens au Conseil national
La semaine dernière, le Conseil des Etats avait exigé des règles plus strictes pour les banques d'importance systémique en raison de la fusion réalisée dans l'urgence entre CS-UBS. Le Conseil des Etats a notamment dit oui à une motion de Jakob Stark (UDC/TG) visant à limiter les rémunérations dans le secteur bancaire.
M. Stark veut que les rémunérations dans le secteur bancaire ne dépassent pas trois à cinq millions de francs par an. La prochaine étape sera le traitement de cette motion par le Conseil national.