Apiculture/informatique Une application au secours des abeilles

ATS

30.1.2019 - 11:04

Le parasite varroa s’installe sur les abeilles (ici derrière l'oeil, en brun), les affaiblit et finit par les tuer (archives).
Le parasite varroa s’installe sur les abeilles (ici derrière l'oeil, en brun), les affaiblit et finit par les tuer (archives).
Source: KEYSTONE/AP/PHIL SANDLIN

En collaboration avec un apiculteur, des étudiants de l’EPFL ont développé une application permettant de comptabiliser automatiquement les varroas dans les ruches. Ce parasite, avec les pesticides, est la principale cause de disparition des abeilles.

Présent dans le monde entier sauf l’Australie, le varroa s’installe sur les abeilles, les affaiblit et finit par les tuer, a indiqué mercredi l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dans un communiqué.

«En Suisse, il s’agit de la cause principale de leur disparition», indique Alain Bugnon, apiculteur à l’origine d’un projet en collaboration avec le Laboratoire de traitement des signaux 5 de l’EPFL, cité dans le communiqué. «Sans traitement, les ruches ne résistent pas une année».

Or, en connaissant le niveau d’invasion, les apiculteurs peuvent traiter leurs installations au bon moment, et éviter la mort des abeilles.

Technique fastidieuse

Actuellement, pour connaître le nombre de varroas, les apiculteurs glissent une planchette sous les ruches et comptent le nombre de cadavres du parasite qui y sont tombés. Mais cette technique est fastidieuse et peu précise: le parasite mesure un millimètre à peine, les cadavres sont mélangés à des déchets, et la mesure devient chronophage si l’apiculteur a plusieurs ruches.

Les étudiants de l'EPFL ont développé une plate-forme web et une application permettant de comptabiliser automatiquement et rapidement les cadavres de varroas sur les planchettes. Les apiculteurs peuvent ainsi connaître le niveau d’invasion en tout temps, et gérer les traitements, qui sont compatibles avec l’agriculture biologique en Suisse.

Les apiculteurs continuent de placer une planchette sous chaque ruche. Ils les photographient et téléchargent les images sur la plate-forme web. L’ordinateur, entraîné au préalable à reconnaître des milliers d’exemples de varroas grâce à l'apprentissage automatique, reconnaît le parasite et compte les cadavres, en quelques secondes.

Données stockées

«La première étape a été de créer une base de données d’images du parasite pour les montrer à l’ordinateur, afin qu’il finisse par les reconnaître seul et sans se tromper», explique Maxime Bohnenblust, étudiant de master travaillant sur ce projet. Plusieurs apiculteurs ont régulièrement envoyé les photos de leurs planchettes au laboratoire, et donné leur retour sur les résultats, afin d’améliorer les algorithmes.

Les étudiants ont ensuite proposé une solution tenant compte de plusieurs difficultés: les photos prises avec un smartphone sont souvent de mauvaise qualité, les images réalisées en extérieur sont très lumineuses, et chaque planche doit être associée correctement à la ruche correspondante.

Actuellement, l’application génère un code QR propre à chaque ruche. L’apiculteur prend ensuite en photo la planchette avec le code QR, et envoie l’image sur la plate-forme, où elle est instantanément analysée. Les résultats lui indiquent le nombre de varroas détecté et stockent les données, qui sont utilisées pour lui fournir des statistiques et un historique.

Trouver des abeilles résistantes

Ce système permettra également de réunir des données au niveau national, pour établir des statistiques, obtenir un panorama des invasions, et évaluer si des souches d’abeilles déjà résistantes existent. Une première, puisque aucun système similaire ni données standardisées ne sont disponibles actuellement.

«Pour le moment, les associations d’apiculteurs fournissent des chiffres à Agroscope, le centre de compétences de la Confédération pour la recherche agricole, une seule fois par année», souligne Maxime Bohnenblust.

Mais il n’existe aucun standard, et pour agir efficacement, il faudrait pouvoir connaître les chiffres en tout temps, car le traitement doit impérativement être fait au bon moment et selon le niveau d’invasion.

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