Industrie – VS Une carrière fait débat en Valais

ATS

15.11.2019 - 10:05

L'extension de la carrière des Freneys, située sur les communes valaisannes de Massongex et de Monthey, divise la population locale. Si les deux exécutifs ont levé au total près des 450 oppositions au projet, le combat n'est de loin pas terminé.

Nombre de ces citoyens inquiets pour leur santé, les vibrations dues aux minages et à l'augmentation de la poussière et du bruit ont choisi de continuer de se mobiliser. Une importante bataille se jouera lundi, quand l'assemblée primaire de Massongex se prononcera sur la modification partielle du plan d'affectation des zones et sur le règlement communal des constructions et des zones.

L'ambiance devrait être tendue entre opposants, partisans et pouvoirs publics locaux. Un non sorti de l'isoloir – un vote à bulletins secrets est inéluctable -, ferait capoter le projet. Le Conseil général de Monthey se prononcera, lui, sur le dossier le 9 décembre prochain.

Diverses rencontres

Consciente de la situation, la direction de Famsa, la société qui exploite la carrière, a mis sur pied deux séances de conciliation en avril et mai avec le comité citoyen «Protégeons notre région», regroupant la majorité des opposants. Une rencontre publique en présence d'experts s'est également déroulée, début novembre.

Dans son argumentaire, Famsa invoque la clause de nécessité pour justifier son projet. Les réserves en grès de gisement de la carrière de Freney II, l'une des plus importantes du pays, seront épuisées en 2022-2023. Au 31 décembre 2018, le solde à excaver se monte à 790'000 m3.

Cette roche de type dur sert à 26% à créer du ballast pour les chemins de fer et à 28% à répondre aux besoins en gravillons durs pour les routes cantonales et nationales. La durée d'extraction demandée est de 30 ans. En cas de cessation de production, les firmes concernées, notamment les CFF, devraient davantage se tourner vers l'étranger.

Compensations écologiques

Aux Freneys, deux décharges supplémentaires sans produits amiantés sont également prévues. L'une pour les matériaux d'excavation, l'autre de type D, soit pour des déchets issus de l'incinération des ordures ménagères. L'implantation de cette dernière ne fait pas non plus l'unanimité.

Famsa, le principal fabricant de granulats pour le génie civil en Suisse, s'est engagé auprès du WWF et de Pro Natura à compenser les 12,2 hectares à défricher. Ces surfaces seront progressivement reboisées ou rendues en zone agricole.

Emplois en jeu

Partisans et adversaires s'achoppent notamment sur une question de distance. La mise à l'enquête stipule que les habitants les plus proches se trouvent à respectivement 500 mètres et 800 mètres des hameaux de Prafenne et des Giettes. Des données correctes si l'on prend en compte l'épicentre de la carrière. Par contre, si on considère le front de taille, on tombe à des distances entre 60 et 200 mètres pour une dizaine d'habitations. D'où une crainte d'une dévalorisation de la valeur immobilière.

L’emploi sera également impacté en cas d'échec du projet. «Il nous faudrait (ndlr : à terme) licencier une quinzaine de nos 25 employés. Le nombre d'emplois indirects se réduirait également des deux tiers (ndlr: une bonne trentaine)«, résume le directeur de Famsa, Luis Ricardo, dont l'entreprise est le principal pourvoyeur d'impôts de la commune de Massongex.

Risque de faillite écarté

Pour Famsa, l'extraction des roches dures représente un chiffre d’affaires de 16 à 18 millions de francs sur un total de 23 millions. «Il n'y aurait cependant pas de risque de faillite, même si le projet du Freney III ne devait voir le jour», avoue le directeur. «Durant 15-20 ans, nous pourrons poursuivre l'exploitation de la décharge de Champ Bernard et des autres gravières.»

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