Drogues 10 et 12 ans requis contre deux trafiquants

ATS

8.5.2019 - 16:03

Important trafic de cocaïne jugé au Tribunal pénal fédéral. Le Ministère public de la Confédération requiert 10 respectivement 12 ans de réclusion contre les deux accusés nigérians (Archives).
Important trafic de cocaïne jugé au Tribunal pénal fédéral. Le Ministère public de la Confédération requiert 10 respectivement 12 ans de réclusion contre les deux accusés nigérians (Archives).
Source: KEYSTONE/AP/MARK LENNIHAN

Le Ministère public a requis 12 et 10 ans contre deux frères nigérians devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone. Il les accuse de grave infraction à la loi fédérale sur les stupéfiants pour le trafic de 120 kilos de cocaïne des Pays-Bas vers la Suisse.

Lors de son réquisitoire, le procureur de la Confédération Frédéric Schaller a passé en revue toutes les écoutes des conversations téléphoniques des prévenus avec les transporteurs durant la période présumée du trafic de cocaïne soit de novembre 2014 à juillet 2015.

Il a passé au peigne fin toutes les livraisons de cocaïne effectuées d’Amsterdam vers la Suisse, les confirmant une à une, y compris celles contestées par l’inculpé de 46 ans qui a reconnu avoir participé au trafic de cocaïne du 28 mars au 27 juillet 2015 et non à partir de novembre 2014 comme le prétend l’accusation.

Même scénario pour le frère cadet âgé de 36 ans qui, lui, a reconnu 16 des 17 épisodes que la justice lui reproche. Me Schaller a reconstruit, une à une, toutes les livraisons de cocaïne vers la Suisse, allant jusqu’à citer des témoins impliqués dans ce vaste trafic. «Nous nous trouvons», a dit Me Schaller, «face à un mécanisme de triangulation pour communiquer entre les trafiquants et les transporteurs dans la gestion du trafic».

Une organisation bien rodée

Dans ses considérants pour la fixation des peines, le procureur fédéral a rappelé la grande quantité de cocaïne importée en Suisse, son taux de pureté élevé et le fait que les deux frères opéraient au sein d’une organisation: «Une organisation bien rodée qui livrait chaque semaine plusieurs kilos de cocaïne en Suisse où elle disposait de dépôts, une organisation qui savait dissimuler la drogue, qui avait des codes et des surnoms, qui établissait des listes pour identifier ses clients».

Les avocats des prévenus ont contesté la gravité des accusations. Me Simon Perroud de Lausanne, défenseur du Nigérian de 46 ans, a rappelé que son client «a gagné 4000 à 5000 euros de ce soi-disant énorme trafic, ce qui n’est rien au vu de près de quatre ans de prison. Il est resté endetté au Nigéria où ses créanciers continuent à faire pression sur sa famille».

Me Perroud a souligné «le rôle subalterne et secondaire» de l’inculpé dans ce trafic, «la durée limitée de l’activité délictueuse», le fait que pas un seul gramme de cocaïne n’a jamais appartenu à son client.

Peine modérée requise pour l’aîné

Il a demandé de tenir compte de l’aspect humain de cette affaire : «Mon client s’est endetté au Nigéria pour se soigner après s’être empoisonné, il a une fillette qu’il ne voit plus depuis quatre ans et l’argent qu’il gagne en prison, il l’envoie pour son entretien. Son comportement est irréprochable, il a suffisamment payé pour son rôle marginal d’intermédiaire». Me Perroud a requis une peine modérée pour l’aîné des deux frères.

Dans un langage coloré et terre à terre, Me Franck Tièche de Lausanne, avocat du frère cadet, a entamé sa plaidoirie par une provocation: «Au début de cette enquête qui a coûté les yeux de la tête à la Confédération, l’enthousiasme était grand, on croyait avoir chopé des big boss. Des années plus tard, ils sont où les big boss ? Il ne reste que des fusibles pour protéger l’organisation !»

Me Tièche a précisé que son client ainsi que son frère aîné n’ont été que des «gens enrôlés» qui sont tombés dans le panneau d’une organisation bien rodée à cause de «la pauvreté de leur vie». «Des hommes», a rappelé l’avocat, «qui ont connu des difficultés incroyables, ont commis des fautes mais les ont reconnues».

En ce qui concerne le rôle de son client, l’avocat l’a fortement minimisé: «Il n’avait aucun pouvoir décisionnel, aucun choix, aucun rôle de poids, il n’était pas un maillon de la chaîne mais pouvait être remplacé à tout moment, il ne s’est jamais enrichi. «Mon client, a conclu Me Tièche, n’a été qu’un petit exécutant qui a pris de gros risques pour pas grand-chose!» L’avocat a requis quatre ans de réclusion pour complicité d’infraction grave à la loi fédérale sur les stupéfiants.

Derniers mots aux accusés

L’aîné des deux frères a demandé à la cour de lui accorder une seconde chance. Il a dit regretter son acte et a expliqué avoir agi à cause de ses graves problèmes financiers. Il a rappelé avoir une fillette de quatre ans et demi qu’il ne voit plus depuis quatre ans et a supplié de lui permettre de rejoindre sa famille. Son cadet lui a fait écho, ajoutant qu’il présente ses excuses au peuple suisse.

Le verdict sera prononcé le 23 mai.

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