Justice – NE 18 et 16 ans requis pour un matricide

ATS

10.12.2019 - 19:18

L'auteur d'un matricide et son ex-compagne ont été jugés mardi par le Tribunal criminel de La Chaux-de-Fonds (archives).
L'auteur d'un matricide et son ex-compagne ont été jugés mardi par le Tribunal criminel de La Chaux-de-Fonds (archives).
Source: KEYSTONE/ADRIEN PERRITAZ

Le Ministère public neuchâtelois requiert 16 ans de prison pour le trentenaire qui a tué sa mère de 56 coups de couteau et qui a tenté de tuer son beau-père. Pour sa complice, il demande 18 ans. La défense de cette dernière ne reconnaît que les lésions corporelles.

La procureure Sylvie Favre a retenu l'assassinat et la tentative d'assassinat à l'encontre du trentenaire et de sa compagne de l'époque qui a co-agi avec lui. «Cette dernière a participé à la naissance, à la préparation et à l'exécution des faits, même si elle n'a pas tenu le couteau par le manche», a-t-elle déclaré mardi devant le Tribunal criminel à La Chaux-de-Fonds.

«Elle a non seulement validé le projet de tuer» la mère et le beau-père de son compagnon «mais l'a approuvé», a ajouté la procureure. Selon elle, «sa collaboration était nécessaire pour les tuer les deux. Elle s'est d'ailleurs organisée pour être libre» et pour placer ses six enfants.

Participation «déterminante»

L'avocat de la partie plaignante, Philippe Kitsos, a estimé également que la compagne âgée de 32 ans a été un moteur dans ce drame et que sa participation «a été déterminante». Selon lui, l'auteur du matricide aurait hésité le soir même à monter chez sa mère et à passer à l'acte et sa compagne lui aurait dit: «Prends ton courage et fais-le pour ton fils».

La partie plaignante demande une peine privative de prison à vie pour les deux accusés. Elle l'a assortie d'un internement pour l'auteur du matricide, car «sa dangerosité est avérée».

Pour la procureure, la responsabilité de la compagne est légèrement diminuée, en raison des rapports de soumission et de peur qu'elle a avec ses partenaires. Pour l'auteur du matricide, «sa faute est plus grave mais sa responsabilité est diminuée de manière importante et élevée». Il présente notamment de graves troubles de la personnalité de type paranoïaque.

Les avocats de l'accusé ont insisté sur le fait que leur client était malade. «Il s'est convaincu progressivement que sa mère et son beau-père voulaient voler son enfant. Sa perception de la réalité est tellement erronée – du fait de son délire – qu'il n'avait d'autre perspective pour se sauver lui et son fils que de tuer sa propre mère».

Meurtre passionnel plaidé

La défense plaide le meurtre passionnel et demande cinq ans de réclusion avec une mesure de traitement institutionnelle. Selon elle, l'accusé a agi alors qu'il était dans un profond désarroi et dans un «désespoir total sur tous les fronts», aussi bien au niveau du travail, de son fils qu'il ne voyait plus, des relations difficiles avec sa famille et dans une relation toxique avec sa compagne.

Pour un des deux avocats de la compagne, Alain-Edouard Fischer, sa cliente est «victime de dissociation traumatique», qui l'empêche d'être elle-même. Elle a «honte et se sent coupable d'être la victime de violences» de la part de l'accusé qui la battait régulièrement et qui l'avait même une fois passée à tabac.

Menacée de mort

La trentenaire était «sous l'emprise» de son compagnon. «Il épie, surveille tous ces gestes. Il n'était pas question qu'elle sorte seule». Elle avait tellement peur de lui qu'elle ne voulait pas le contrarier. Il l'avait menacée de mort, tout comme ses enfants. «Elle sait de quoi il est capable, si elle n'obéit pas».

L'autre avocat de la compagne, Xavier-Marcel Copt, a ajouté qu'elle a tout fait pour détourner le prévenu de «ses fixations» de tuer sa mère. «Elle se croit même investie du devoir de détourner l'accusé de sa violence et elle est convaincue jusqu'au bout d'y arriver».

Pour la défense, la compagne n'est pas du tout co-auteur et sa contribution au drame «n'a pas été décisive». Xavier-Marcel Copt demande que sa cliente soit acquittée de la prévention de l'homicide et seulement accusée de lésions corporelles simples avec responsabilité diminuée et circonstances atténuantes liées à la contrainte. La prévenue ayant fait 368 jours de détention provisoire, la défense demande une peine qui n'excède pas cela.

Déchaînement de violences

Le 15 octobre 2017, l'accusé, accompagné de sa compagne, a tué sa mère dans un appartement de La Chaux-de-Fonds «en se déchaînant avec violence sur le corps de sa mère au sol», selon l'acte d'accusation. Le prévenu a aussi tenté de le faire pour son beau-père, qui a reçu 13 coups de couteau. Ce dernier n'est pas décédé car il a réussi à prendre la fuite et à se réfugier chez un voisin.

Le couple «maléfique» est également sur les bancs des accusés pour de nombreux actes de violence effectués durant l'été 2017 entre Le Locle et La Chaux-de-Fonds.

Le verdict sera rendu jeudi.

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