Turquie Pluie de condamnés pour le putsch en Turquie

ATS

20.6.2019 - 18:09

Un putsch avait échoué en 2016 en Turquie (archives).
Un putsch avait échoué en 2016 en Turquie (archives).
Source: KEYSTONE/AP/STR

Un tribunal turc a condamné jeudi à la prison à vie un total de 151 personnes à l'issue de l'un des principaux procès du putsch manqué de 2016. Le coup d'Etat a été suivi de purges d'une ampleur sans précédent dans le pays.

Parmi elles, 128 ont été condamnées à des peines de prison à vie aggravées et 23 à des peines de prison à vie, notamment pour «tentative de renversement de l'ordre constitutionnel», assassinat et tentative d'assassinat, a précisé l'agence privée DHA. Trente-trois personnes ont été relaxées et 27 ont écopé de peines de prison allant jusqu'à 20 ans.

D'après l'agence, les dossiers de 13 accusés, dont le prédicateur Fethullah Gülen accusé par Ankara d'être le cerveau du putsch manqué contre le président turc Recep Tayyip Erdogan, ont été dissociés. En tout, 224 personnes, dont une vingtaine d'anciens généraux, étaient jugées au cours de ce procès, l'un des principaux portant sur ce putsch manqué de juillet 2016.

Parmi elles, 176 comparaissaient en détention provisoire, 35 libres et 13 étaient jugées in absentia. Un ancien chef de l'armée de l'air, Akin Öztürk, et l'ex-aide de camp de M. Erdogan, Ali Yazici, font partie des personnes condamnées à la prison à vie, selon DHA.

Le ministre de la Justice, Abdülhamit Gül, s'est félicité de ces condamnations, saluant «l'exemplarité» de la justice turque. L'audience s'est tenue dans la prison de Sincan, où une immense salle a été construite spécialement pour accueillir les procès géants liés au putsch manqué.

«Traîtres»

Une centaine de personnes étaient réunies dans une ambiance tendue devant le bâtiment sous haute surveillance. Pendant que le juge énonçait les peines des accusés à l'intérieur du tribunal, les policiers à l'extérieur s'efforçaient de contenir la foule, alors que des bagarres éclataient. Un agent a tiré plusieurs coups de feu en l'air pour tenter de ramener le calme.

Lors de l'ouverture du procès en mai 2017, des familles de victimes du putsch s'étaient rassemblées devant le tribunal, exigeant le rétablissement de la peine de mort, abolie dans le cadre de la candidature turque à l'Union européenne.

Si le président Erdogan a assuré à plusieurs reprises qu'il était disposé à la rétablir, aucune mesure en ce sens n'a encore été prise. La tentative de coup d'Etat a fait près de 250 morts, sans compter les putschistes, et des milliers de blessés.

Ankara impute cette tentative de renverser le président Erdogan à son ancien allié, le prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années. L'intéressé, dont Ankara n'a de cesse de demander l'extradition, dément tout rôle dans le putsch manqué.

Arrestations sans fin

Les procédures judiciaires lancées après ce coup de force avorté sont d'une ampleur sans précédent en Turquie. Plus de 55'000 personnes ont été arrêtées lors de purges engagées après le 15 juillet. A ce jour et sans compter les condamnations de jeudi, 3239 personnes ont été condamnées à l'issue de 261 procès liés au putsch, et 28 procès sont encore en cours, selon des chiffres du ministère de la Justice.

Selon l'acte d'accusation cité par les médias turcs, plus de 8000 militaires ont pris part à la tentative de putsch, au cours de laquelle 35 avions de guerre, 37 hélicoptères, 74 chars, 246 véhicules blindés et près de 4000 armes légères ont été utilisés par les putschistes.

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