Tragédie au Texas 50 migrants morts dans un camion, Biden accuse les «passeurs»

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28.6.2022 - 19:59

Au moins 50 migrants, dont près de la moitié de Mexicains, sont morts dans un camion surchauffé au Texas. Le président Joe Biden a imputé mardi cette tragédie à des «passeurs» uniquement motivés par l'appât du gain.

La tragédie «illustre une fois de plus le besoin crucial de voies légales sûres pour les migrations» a déclaré une porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l'homme à Genève.
La tragédie «illustre une fois de plus le besoin crucial de voies légales sûres pour les migrations» a déclaré une porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l'homme à Genève.
KEYSTONE/AP Photo/Eric Gay

28.6.2022 - 19:59

Malgré l'ampleur du drame, l'un des pires de l'Histoire américaine, l'opposition républicaine n'a pas tardé à lui attribuer une part de responsabilité, en l'accusant de laxisme à la frontière.

La macabre découverte remonte à lundi soir, quand un employé municipal de San Antonio a entendu un appel à l'aide près d'une route où il travaillait et a entrouvert la porte arrière du poids lourd.

«Brûlants au toucher»

Les secours avaient d'abord sorti 46 cadavres et seize personnes «conscientes», dont quatre enfants, qui ont été transférées dans des hôpitaux alentour, selon le chef des pompiers Charles Hood. Après une journée marquée par des températures proches de 40 degrés, «les patients étaient brûlants au toucher, ils souffraient de coups de chaleur, d'épuisement», avait-il expliqué dans la nuit.

Le bilan est monté à 50 morts mardi, a déclaré un responsable de la police de l'immigration, sans préciser si de nouveaux corps avaient été découverts ou si certains blessés étaient décédés à l'hôpital.

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a précisé que 22 victimes étaient originaires du Mexique, sept du Guatemala, deux du Honduras. «C'est un immense malheur», a-t-il noté.

«Industrie criminelle»

Selon les premiers éléments de l'enquête, «cette tragédie a été causée par des passeurs ou des trafiquants» qui «exploitent» les migrants «sans respect pour leur vie», a commenté son homologue américain Joe Biden dans un communiqué.

Le locataire de la Maison Blanche a appelé à renforcer la lutte contre «une industrie criminelle qui brasse plusieurs milliards de dollars». Il a souligné que 2400 arrestations ont eu lieu depuis le lancement, il y a trois mois, d'une action conjointe entre les Etats-Unis et d'autres pays de la région.

Les républicains ont de leur côté mis en cause sa politique migratoire. «Ces morts sont à imputer à Biden. Elles sont le résultat de sa politique mortelle d'ouverture des frontières», a attaqué le gouverneur républicain du Texas Greg Abbott.

«Les trafiquants d'êtres humains exploitent nos frontières ouvertes et les plus vulnérables le paient de leur vie», a renchéri le sénateur texan Ted Cruz.

Trois interpellations

Ralenties pendant la pandémie, les arrivées de migrants ont fortement augmenté après l'élection de Joe Biden. La ville de San Antonio, située à 240 km de la frontière, est une étape importante avant de poursuivre le voyage vers le nord des Etats-Unis.

Le maire de la ville, Ron Nirenberg, a déploré «une horrible tragédie» et espéré que les responsables «seront poursuivis dans toutes les limites de la loi».

Trois personnes ont été interpellées, selon le chef de la police. Mais «nous ne savons pas si elles sont liées à ceci ou non», a précisé William McManus. Une enquête fédérale a été ouverte pour «soupçons de trafic d'êtres humains», a annoncé le ministère de la Sécurité intérieure.

«Douleur»

Les camions tels que celui retrouvé à San Antonio sont un moyen de transport fréquemment utilisé par des migrants souhaitant entrer aux Etats-Unis. Un tel voyage est extrêmement dangereux, d'autant que ces véhicules sont rarement climatisés et que leurs occupants en viennent rapidement à manquer d'eau.

Le 14 juin, des garde-frontières avaient découvert environ 80 migrants cachés à l'arrière d'un camion lors d'une inspection de routine près de la ville frontalière de Laredo. En juillet 2017, dix migrants avaient trouvé la mort dans une remorque surchauffée garée sur un parking de supermarché près de San Antonio. Le conducteur du camion avait a été condamné à la perpétuité.

Le pape François a fait part mardi de sa «douleur» pour cette «tragédie», qu'il a rapprochée de celle de l'enclave espagnole de Melilla au Maroc, où ont péri au moins 23 migrants vendredi.

L'ONU s'est dite «profondément troublée». Elle «illustre une fois de plus le besoin crucial de voies légales sûres pour les migrations» a déclaré une porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l'homme à Genève.

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