«On se croirait dans un film»A Mulhouse, le choc et un sentiment de peur
ATS
23.2.2025 - 12:42
Du chagrin et de l'incrédulité. A Mulhouse (Haut-Rhin) dimanche, les rares passants sont sous le choc et certains disent avoir «peur», au lendemain d'un attentat à l'arme blanche qui a coûté la vie à un homme de 69 ans et grièvement blessé deux policiers municipaux.
Des policiers sécurisent la scène de l'attaque au couteau sur la place du Marché, au centre ville à Mulhouse, où une personne a été tuée et plusieurs autres blessées. Un suspect a été arrêté et placé en garde à vue.
ATS
Keystone-SDA
23.02.2025, 12:42
23.02.2025, 12:55
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«J'étais au marché, j'ai entendu des cris, la police, je voyais les gens courir, je suis vite rentrée chez moi», témoigne Sema Dehlas, 48 ans, les larmes aux yeux, revenue sur la place du marché où a débuté l'attaque la veille.
Dimanche, les passants sont rares et se hâtent sous la grisaille et une pluie fine. Seul un ruban de balisage de la police témoigne du drame de la veille qui s'est déroulé en pleine après-midi. La place est bordée par quelques restaurants, fast food ou kebabs.
Un homme de 37 ans est soupçonné d'avoir tué à l'arme blanche une personne et d'avoir blessé deux agents du stationnement et trois policiers municipaux, un «acte de terrorisme», selon le président Emmanuel Macron.
Les faits se sont déroulés «en une dizaine de minutes» entre 15h40 et 15h50, dans le quartier animé du marché du canal couvert de la cité alsacienne, selon le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui s'est rendu sur place.
L'assaillant s'en est pris à un passant, mortellement blessé, avant d'être poursuivi par des policiers municipaux qui sont parvenus à le maîtriser sans faire usage d'armes à feu.
«La langue de Momo»
Hamza Saddek, patron du Kawa café, à quelques mètres de la place, dit être «sous le choc» et exprime son «dégoût» après l'attaque commise dans ce quartier cosmopolite de la ville d'un peu plus de 100'000 habitants, au riche passé industriel.
«Je sortais de la mosquée, ils étaient en train» d'arrêter le suspect principal, né en Algérie, ajoute M. Saddek.
L'assaillant présumé a été placé en garde à vue ainsi que trois autres personnes, selon le Parquet national antiterroriste (Pnat). Le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), selon le ministre de l'Intérieur.
«Ca crée un sentiment supplémentaire d'insécurité dans la ville», estime Kingsle Bassey, 21 ans, alternant chez un buraliste de la ville.
«On se croirait dans un film, c'est irréaliste, c'est choquant», ajoute-t-il, soulignant lui aussi l'aspect «cosmopolite» du quartier.
Farouk Kaddouri, 50 ans, parle de l'effet d'un «coup de tonnerre» quand il a appris la nouvelle samedi.
«Ici, on a la langue de Molière et la langue de Momo», dit-il en référence à une ville où se côtoient de nombreuses communautés «dans le partage».
A l'heure de la prière
«Ca va nous retomber dessus», redoute Bachir, 52 ans, un Algérien qui a grandi à Mulhouse. «Ca n'a rien à voir avec l'islam, l'islam c'est une religion de paix», insiste-t-il préférant ne pas donner son nom de famille.
«C'est un malade», dit-il à propos du suspect.
Selon des témoignages concordants obtenus par l'AFP, l'assaillant a crié «Allah Akbar» ("Dieu est le plus grand» en arabe) à plusieurs reprises, lors de l'attaque.
«C'était le moment de la prière, si c'était un vrai musulman, il aurait été à la mosquée et n'aurait pas été en train de tuer des gens», renchérit M. Saddek.
«Pour commettre des actes de barbarie si atroces, il faut être dérangé», abonde M. Kaddouri.