Transports À Strasbourg, le premier RER en région entre en circulation

ATS

11.12.2022 - 16:50

Les trains du «Réseau express métropolitain européen» (Reme) ont commencé dimanche à circuler à Strasbourg. La capitale de l'Europe a ainsi inauguré le premier RER hors Ile-de-France, attendu par les voyageurs mais critiqué par les cheminots pour les retards dans l'arrivée des moyens matériels et humains.

Avec le Reme, il y aura 800 trains supplémentaires par semaine dans un premier temps et plus d'un millier à partir de l'été 2023 (image d'illustration).
Avec le Reme, il y aura 800 trains supplémentaires par semaine dans un premier temps et plus d'un millier à partir de l'été 2023 (image d'illustration).
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Deux semaines après l'annonce par Emmanuel Macron de son ambition de développer un réseau de RER «dans dix grandes agglomérations», la région Grand Est et l'Eurométropole de Strasbourg concrétisent un projet lancé en 2018: un «choc d'offre» avec 800 trains supplémentaires par semaine dans un premier temps, et plus d'un millier de trains supplémentaires à partir de l'été 2023, soit une hausse de 43% de l'offre de transport sur un réseau de 95 gares.

Avec 670 arrêts par jour, Strasbourg devient «la plus grande gare TER» de France, assurent les collectivités. L'amplitude horaire est élargie, de 05h00 à 23h00, avec des trains toutes les 15 minutes aux heures de pointe dans treize gares. Une nouveauté, la «diamétralisation», offre la possibilité de relier deux villes de la métropole sans correspondance à Strasbourg.

700 millions d'euros

Le projet a nécessité 700 millions d'euros d'investissements selon le président du Conseil régional, Jean Rottner. Le Reme devrait encore mobiliser 600 millions d'euros «dans les cinq ans qui viennent», notamment pour développer des dessertes vers l'Allemagne.

Les coûts de fonctionnement, recettes déduites, sont estimés à 14,5 millions d'euros par an, répartis à égalité entre la région et l'Eurométropole.

Le Reme s'appuie sur la «multimodalité» pour faciliter les connexions des voyageurs avec d'autres modes de transports, notamment de nouveaux «cars express» avec des voies dédiées, mais aussi les tramways strasbourgeois, les bus, ou les parkings à vélo.

«L'objectif est de permettre aux usagers de prendre le train aussi facilement que certains prennent le tramway», explique Alain Jund, vice-président de l'Eurométropole chargé des mobilités. «Ça apporte aussi une réponse aux questions de qualité de l'air, de coût des carburants. On souhaite que les automobilistes voient le ferroviaire comme une alternative plus efficace et moins chère».

Inquiétude des cheminots

Cette nouvelle offre de transport inquiète cependant les syndicats de la SNCF, qui pointent les retards dans la livraison des trains et le recrutement du personnel.

«Nous n'arrivions déjà pas à assurer le plan de transport 2022 sans le Reme, on l'a respecté à l'optimum seulement 15 jours sur l'année. Alors 130 trains supplémentaires quotidiens, à effectifs constants ou presque, on n'y arrivera pas», avertit Alexandre Welsch, délégué Sud Rail. «Les nouveaux conducteurs sont en formation. Il aurait sans doute fallu reporter de 6 mois ou 8 mois pour qu'on ait tout l'effectif et le matériel disponibles. Là, on va monter les usagers contre les cheminots parce qu'on n'est pas prêts».

Dimanche matin, plusieurs trains étaient effectivement supprimés en gare de Strasbourg. Mais le PDG de la SNCF se veut rassurant. «Ils sont râleurs parfois les cheminots (...) mais ils sont engagés. Et quand on va chercher cette cause de la mobilité durable, le rôle du ferroviaire, ils savent devenir des parties prenantes et des conditions de succès», a déclaré jeudi Jean-Pierre Farandou.