StrasbourgUn festival du consentement entre «concerné.e.s»
ATS
10.10.2022 - 08:30
«Sans oui, c'est non»: le temps d'un grand week-end et cinq ans après l'explosion de #MeToo, Strasbourg accueille le «premier festival du consentement», pour s'interroger et aller «au-delà de l'entre-soi», malgré un public encore très majoritairement féminin.
10.10.2022, 08:30
10.10.2022, 08:36
ATS
Derrière l'évènement, Emanouela Todorova, présidente de l'association «Dis bonjour sale pute» et à la tête du compte Instagram du même nom lancé en 2021, comptant près de 160'000 abonnés. Elle y dénonce le harcèlement de rue et organise des formations en entreprises et en milieu scolaire.
«On veut questionner tous ces schémas problématiques avec lesquels grandissent les jeunes, pour qu'une fois adulte, on ne soit pas gêné de dire non», explique l'entrepreneuse de 33 ans, dont l'évènement, organisé dans une auberge de jeunesse du quartier étudiant de la Krutenau, affiche complet trois jours durant.
Au programme, des cercles de parole réservés aux femmes, des séances de yoga, des concerts et surtout de nombreuses tables rondes sur «le consentement dans nos relations», «les violences sexistes et sexuelles (VSS) en milieu festif» ou encore «la déconstruction», à laquelle vient d'assister Jeanne Demonque.
«Ca peut nous apporter de nouvelles pistes de réflexion, pour avoir la relation la plus égale possible», explique cette commerciale pour une entreprise de cosmétiques âgée de 28 ans, qui déplore la faible présence masculine au festival strasbourgeois.
Selon elle, «ceux qui sont là, ce sont ceux qui ont déjà entamé ce chemin», comme son mari qui l'accompagne, Mauricio Andia, 30 ans, qui reconnaît se sentir «un peu seul».
Invité du festival, Thomas Messias, auteur du podcast «Mansplaining» qui explore les masculinités et les représentations genrées dans la culture, n'est pas vraiment étonné.
Education des garçons
«Même s'ils sont de plus en plus nombreux à se poser des questions, les hommes ne représentent que 30% de mes auditeurs, alors que c'est d'abord à eux que je m'adresse», regrette le journaliste de 38 ans, selon qui l'éducation des jeunes garçons est capitale.
«Une fois arrivé à l'adolescence, il est très difficile de se défaire de valeurs patriarcales très ancrées», poursuit-il, parlant de la déconstruction comme d'"un chemin au bout duquel on n'arrive jamais».
«C'est pareil ailleurs, j'ai suivi des cours de féminisme à Montréal et il n'y avait que des femmes, des personnes trans ou non binaires et très peu d'hommes cisgenres», constate aussi Emma Delahaye, 21 ans, venue avec une amie. Inscrite en droit à son retour en France, la jeune femme, pour qui «l'égalité femmes-hommes est le principal combat de notre société», a rejoint le «collectif prévention» de son association étudiante.