Le procès de l’accident de kart, qui avait défiguré une jeune Valaisanne au Fun Planet de Rennaz (VD) en juin 2013, prend un tour très surprenant. Les cinq avocats des deux partis sont tombés d’accord sur la supposée «incurie» du Ministère public dans cette affaire.
A quel point une Valaisanne de 21 ans doit-elle le fait d’avoir été défigurée lors d’un accident de kart en 2013 aux incompétences de quatre employés et ex-employés du Centre de loisirs «Fun Planet» de Rennaz (VD) ? C’est en substance à cette question que le Tribunal de police de l’Est vaudois devait tenter de répondre lundi à Vevey.
Un procès très surprenant
Mais ce procès, prévu sur deux jours, a pris un tour très surprenant. Lors de longues réquisitions, les quatre avocats de la défense ont tour à tour fustigé les lacunes supposées de l’expertise mises en avant dans l’acte d’accusation. Tous ont demandé que des représentants des sociétés de barrières de sécurité Tecpro et de karts Sodikart, leaders reconnus dans leur secteur, soient entendus.
«Cette expertise est incorrecte et dangereuse. Elle n’est pas allée au bout des choses et préconise des mesures potentiellement plus dangereuses», a ainsi dénoncé l'un des quatre hommes de loi avant de réclamer une impossible nouvelle expertise. La date de prescription, agendée dans ce dossier au 18 juin, rend en effet la chose très difficilement réalisable.
Sous le feu de la critique
Entre les lignes ou totalement frontalement, tous les quatre ont aussi et surtout fustigé, selon les mots de l’un d’eux, «la procrastination absolue» et «l’inacceptable et injuste incompétence» de la procureure Myriam Bourquin dans cette affaire.
A la surprise générale, même Me Stéphane Riand, médiatique avocat de la défense, pourfendeur sur son blog des dysfonctionnements de la justice, s’est enflammé. Le Valaisan a confessé d’emblée avoir «bu du petit lait» à l’écoute de ses collègues et adversaires.
«C’est le procès le plus incroyable que j’aie vécu. Je suis dans un état de transe totale, de nirvana», a affirmé l’avocat. Lui aussi estime «scandaleux que la procureure ne soit pas là au procès pour assumer son rôle» dans ce dossier qu’il qualifie de «grand bordel».
Système mis en cause
Les quatre prévenus sont accusés de lésions corporelles graves par négligence. Cette infraction est sanctionnée d’un maximum de trois ans de prison. Mais dans cette affaire, la procureure Myriam Bourquin a requis des peines de 120 et 140 jours-amendes avec sursis de deux ans.
La représentante du Ministère Public a étonnamment choisi de ne pas participer aux débats. Pour mémoire, elle avait dans un premier temps «blanchi» les quatre accusés via une ordonnance de classement avant qu’un recours de leur victime ne vienne changer la donne in extremis.
Sortie scolaire
Le procès se poursuit mardi. Il pourrait aussi être celui d’un «système dans lequel les procureurs ne sont jamais mis devant leurs responsabilités», selon les mots de Me Pierre-Alain Schmidt, avocat d'une prévenue. Quant au verdict, il devrait tomber vendredi.
Le dramatique accident était survenu l’après-midi du 18 juin 2013 au centre de loisirs «Fun Planet» de Rennaz, dans le cadre d’une sortie scolaire. Une Valaisanne, aujourd’hui âgée de 21 ans, avait été grièvement blessée et défigurée. L’audience se tient exactement dix jours avant la date de prescription des faits.
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