Quatre géants de l'industrie pharmaceutique ont trouvé lundi un accord à l'amiable leur permettant d'éviter un procès fédéral inédit qui devait s'ouvrir dans l'Ohio. Ils sont accusés d'avoir alimenté la crise des opiacés qui ravage les Etats-Unis.
Les avocats des centaines de collectivités locales qui poursuivent en justice laboratoires et distributeurs de médicaments anti-douleur aux opiacés ont confirmé lundi matin qu'un accord avait été trouvé entre les distributeurs Cardinal Health, McKesson, AmerisourceBergen et le laboratoire israélien Teva, d'une part, et deux comtés de l'Ohio, dont les plaintes devaient être examinées en premier dans le cadre d'un procès-test, d'autre part.
«Les efforts du juge (Dan) Polster pour résoudre le litige fédéral des opiacés ont permis des accords de principe avec nos clients, les comtés de Cuyahoga et Summit», particulièrement touchés par cette crise qui tue quelque 130 personnes par overdose par jour aux Etats-Unis, ont déclaré les avocats dans un communiqué. Si le procès qui devait s'ouvrir lundi n'aura donc pas lieu, les avocats des plaignants soulignent qu'«il ne s'agit pas d'une solution globale».
Dizaines de milliards de dollars
Il reste à trouver un accord plus large pour solder l'ensemble des plaintes – quelque 2700 avec des collectivités locales en tous genres y compris la quasi-totalité des Etats américains. Cela pourrait se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, potentiellement le plus important depuis l'accord trouvé avec les grands cigarettiers américains en 1998.
Selon des sources citées par des médias américains, un accord plus large pourrait être annoncé dans la journée. Les dernières informations faisaient état d'un possible accord global d'un montant de quelque 50 milliards de dollars, qui solderait définitivement les plaintes contre les laboratoires Johnson & Johnson et Teva, ainsi que celles contre les distributeurs AmerisourceBergen, McKesson et Cardinal Health, responsables de la distribution de 90% des médicaments américains.
Le laboratoire Purdue, fabriquant du célèbre opiacé OxyContin a vu les plaintes contre lui suspendues depuis qu'il s'est placé en septembre sous la protection de la loi des faillites, proposant de payer entre 10 et 12 milliards de dollars pour solder les plaintes à son encontre.
Ces laboratoires et distributeurs sont accusés d'avoir fait, à partir de la fin des années 90, la promotion agressive d'anti-douleurs aux opiacés alors même qu'ils connaissaient leur puissance addictive. Ils sont aussi accusés d'avoir ignoré les signaux d'alarme qui montraient leur utilisation abusive, afin de tirer profit de ce juteux marché.
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