«Une montagne de preuves» Accusé d'avoir tué une ado à Yverdon, il nie toujours

gsi, ats

6.6.2023 - 19:14

L'homme condamné pour avoir assassiné une adolescente afghane, fin 2019 à Yverdon, a comparu en appel mardi devant le Tribunal cantonal vaudois. Il a continué de nier tandis que son avocat a tenté, sans succès, d'apporter de nouveaux éléments au dossier.

Me Ludovic Tirelli a, à nouveau, plaidé l'acquittement pour l'homme accusé d'avoir tué une adolescente à Yverdon en 2019 (archives).
Me Ludovic Tirelli a, à nouveau, plaidé l'acquittement pour l'homme accusé d'avoir tué une adolescente à Yverdon en 2019 (archives).
ATS

6.6.2023 - 19:14

En première instance, l'accusé, lui aussi d'origine afghane, a écopé d'une peine de 20 ans de prison, couplée à un internement ordinaire. Les juges avaient dit leur «conviction absolue» dans son implication dans la mort de la jeune fille de 17 ans, avec qui il entretenait une relation. La victime avait été étranglée avec des lacets et son corps avait été dissimulé dans les roseaux, au bord du lac.

Mardi devant la Cour d'appel à Renens, et comme en première instance, l'avocat du prévenu s'est démené pour discréditer «un dossier dénué de preuves exploitables». Dans une affaire «où le doute est partout», Me Ludovic Tirelli a critiqué un récit du crime «sorti de l'imaginaire du Ministère public» et «les conclusions à l'emporte-pièce» des inspecteurs de police.

L'avocat a exigé que de nouvelles auditions et expertises soient menées. Et notamment sur l'ADN retrouvée sur les lacets ou le rôle du père de la victime qui, pour Me Tirelli, aurait pu jouer un rôle dans la mort de sa fille. Il a aussi demandé «le retranchement» des aveux initiaux du prévenu, obtenus selon lui de manière «illicite».

Saucissonnage

A en croire l'avocat, il existe de nombreuses preuves à décharge qui permettraient «d'innocenter» son client. La Cour a toutefois refusé d'ajouter de nouveaux éléments au dossier, suivant ainsi l'avis du Ministère public et de l'avocate de la famille de la victime.

«Cette enquête est un modèle de précision et de sérieux. Il n'y a aucune faille», a relevé Me Manuela Ryter Godel. Elle a accusé son confrère d'utiliser «des écrans de fumée», de pratiquer «une défense inhumaine» à l'égard de la famille de la victime.

Pour la procureure Claudia Correia, Me Tirelli pratique «la méthode dite du saucisson» en revenant sur chaque élément de manière séparée, afin «d'instiller le doute» dans la tête des juges.

«Montagne de preuves»

Ses réquisitions de preuves rejetées, Me Tirelli a demandé à être relevé de son mandat d'avocat commis d'office, ou du moins à ce que la Cour se récuse. «Je ne peux pas faire mon travail dans ces conditions», a-t-il affirmé, mais sans davantage convaincre le Tribunal.

Plaidant malgré tout, et longuement, il a demandé aux juges «d'être les garants de la présomption d'innocence» et d'acquitter son client.

Plus concise, la procureure Claudia Correia a démonté les arguments de la défense. «Il n'y a pas une preuve, mais une montagne de preuves», a-t-elle souligné.

Selon elle, la victime voulait quitter le prévenu et «c'est bien là le mobile du crime». Elle a demandé à la Cour de suivre le jugement de première instance.

Quant au prévenu, il a été entendu lors d'un bref interrogatoire. A la question de savoir ce qui était arrivé à la victime, il a répondu qu'il y avait «plusieurs hypothèses possibles» mais qu'il n'avait pas envie d'en parler. La présidente du Tribunal a voulu en savoir davantage, mais sans obtenir de réponse.

Le dispositif du verdict sera communiqué aux parties dans les cinq jours.

gsi, ats