Affaire «de la plume» à Genève «Je commençais moi-même à croire à mon histoire», lâche l'accusé

ATS

6.10.2025 - 15:07

A Genève, le troisième procès de l'affaire dite «de la plume» a commencé lundi matin. Suite à la demande du Tribunal fédéral (TF), qui a renvoyé l'accusé devant les juges genevois, ces derniers investiguent les raisons qui ont poussé l'accusé à mentir et essaient d'éclaircir les circonstances de la mort de sa femme.

A Genève, le troisième procès de l'affaire dite «de la plume» a commencé lundi matin.
A Genève, le troisième procès de l'affaire dite «de la plume» a commencé lundi matin.
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«J'avais une grande pudeur et ma femme aussi. Nous nous comprenions sur ce point», a expliqué le notaire soleurois lundi matin, sur les raisons qui l'ont poussé à mentir sur les circonstances de la mort de sa femme. Il avait maintenu pendant plusieurs années qu'elle était morte de manière naturelle, dans sa salle de bain en 2016. Puis il avait changé de version, révélant qu'elle était morte d'asphyxie lors d'un jeu érotique.

Ce revirement, il l'explique aux juges par un long processus. Il décide ainsi finalement de s'ouvrir à ses nouveaux avocats sur ce qu'il s'est réellement passé, a-t-il raconté au tribunal. Il change alors de récit un mois avant son deuxième procès, en mars 2023.

Sa peine baissera alors de 13 ans pour meurtre à 3 ans (dont 18 mois ferme) pour homicide par négligence. Le Ministère public a alors fait appel jusqu'au TF, qui a demandé à la Chambre d'appel pénale genevoise de réexaminer cette décision cette semaine.

Coincé par sa pudeur et sa «mauvaise conscience» qui l'empêchent d'en parler autour de lui, il explique avoir été «dans un tunnel» entre la mort de sa femme et fin 2023. «J'étais tellement dedans, que je commençais moi-même à croire à mon histoire», ajoute-t-il. Il a ensuite vu un psychologue, auquel il a finalement osé raconter avoir été lui-même victime d'une agression sexuelle, lorsqu'il avait neuf ans.

La juge Delphine Gonseth a aussi demandé au prévenu les conséquences de ce dernier verdict sur sa vie. L'ancien notaire a d'abord réduit son travail, jusqu'à se considérer aujourd'hui comme retraité. Sur sa vie privée, il a annoncé ne plus être en couple avec son ex-nouvelle compagne, qui l'avait beaucoup soutenu durant ses procès et avec qui il est resté ami.

Au niveau familial enfin, «c'est toujours très difficile» avec la famille de la défunte, affirme-t-il. Ils n'ont pour l'instant plus de contact. L'accusé s'éponge les yeux en leur demandant pardon, dos à une salle à moitié vide. Les questions au prévenu continuent lundi après-midi.