Affaire Mike Les policiers lausannois retournent devant la justice

sj, ats

22.6.2024 - 11:26

Les six policiers lausannois, acquittés en première instance dans l'affaire de la mort de Mike Ben Peter, retournent devant les juges. Leur procès en appel devant le Tribunal cantonal aura lieu du lundi 1er au mercredi 3 juillet. Le verdict tombera une semaine après, le 8 juillet dans l'après-midi.

De la peinture et un slogan «RIP Mike» est photographie sur la facade du Palais de Justice de Montbenon, Tribunal correctionnel vaudois le lundi 26 juin 2023 à Lausanne. (archives)
De la peinture et un slogan «RIP Mike» est photographie sur la facade du Palais de Justice de Montbenon, Tribunal correctionnel vaudois le lundi 26 juin 2023 à Lausanne. (archives)
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Keystone-SDA, sj, ats

La Cour d'appel pénale siégera dans la salle d'audience cantonale de Longemalle à Renens. Très attendu, ce procès en deuxième instance sera certainement à nouveau suivi par un nombre important de parties, de médias et du public.

Mike Ben Peter, un Nigérian de 39 ans, est mort à la suite d'un contrôle anti-drogue musclé en février 2018 à Lausanne. En juin dernier, après quatre jours d'un procès retentissant, le Tribunal correctionnel de Lausanne avait jugé que les six agents ayant procédé à ce contrôle ne pouvaient pas être condamnés pour homicide par négligence, suivant ainsi le Ministère public qui avait lui-même laissé tomber l'accusation.

Pas de lien de causalité

Les juges s'étaient notamment référés aux expertises médico-légales, celles-ci révélant qu'il était impossible de dire que Mike Ben Peter était mort à cause de l'intervention policière, et notamment en raison du plaquage ventral pratiqué par les policiers. Le tribunal de première instance avait affirmé que l'arrêt cardio-respiratoire était survenu indépendamment de la façon de positionner du Nigérian, ajoutant que les causes de son décès étaient «multifactorielles».

Il n'y avait donc pas de «liens de causalité» entre l'intervention policière et la mort de Mike Ben Peter, avaient conclu les juges. La lecture de ce jugement, long de 50 pages, avait duré plus de 90 minutes. La Cour avait aussi conclu que les policiers n'avaient pas violé leur devoir de prudence. Sur ce point, elle s'était écartée du Ministère public, qui avait estimé que les policiers avaient maintenu la victime trop longtemps sur le ventre.

De son côté, l'avocat de la famille de la victime, Me Simon Ntah, avait demandé une condamnation. Selon lui, les policiers avaient fait un usage disproportionné de la violence lors de l'arrestation. En toute logique, il avait fait recours. Il a même déjà plusieurs fois évoqué qu'il irait jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) s'il le fallait.

Sortie sous très haute tension

Ce sextuple acquittement avait entraîné des réactions virulentes. «La honte», «Justice complice», «C'est trop facile», avaient notamment hurlé des personnes dans la salle d'audience de Renens.

Présents, la veuve de Mike Ben Peter et son frère avaient été applaudis à leur sortie du tribunal, au son de «Justice pour Mike». «Ce n'est pas juste du tout. Je veux obtenir la justice pour mon mari. Je suis une lionne et n'abandonnerai pas. Je reviendrai», avait dit la veuve face aux médias.

Des huées et slogans hostiles à la police avaient ensuite été entonnés à l'extérieur du tribunal, où quelque 100 personnes s'étaient massées. Puis, plusieurs d'entre elles avaient envahi le hall du tribunal pour crier leur colère et conspuer la police, dans une scène rarement vue dans un procès en Suisse.

Lorsque le commandant de la police municipale lausannoise Olivier Botteron, présent dans le public, était sorti, les manifestants l'avaient hué aux cris d'"assassin». Dans un climat sous très haute tension, il avait dû rebrousser chemin. Juges, avocats, policiers prévenus et certains accompagnants étaient également sortis par l'arrière du tribunal.

Les cris des manifestants – notamment «Police partout, justice nulle part» – avaient duré au moins 45 minutes avant que le calme ne revienne. La manifestation s'était terminée en «sit-in» silencieux.