Agressions sexuellesUn ex-directeur d'école relaxé en appel
ATS
27.5.2021 - 21:38
Keystone-SDA
27.05.2021, 21:38
27.05.2021, 21:43
Un ancien directeur d'école de Cornier en Haute-Savoie, poursuivi pour agressions et exhibitions sexuelles sur 19 élèves de petite-section, a été relaxé jeudi par la cour d'appel de Chambéry. Celle-ci a confirmé le jugement du tribunal correctionnel de Bonneville.
«La parole de l'enfant s'entend de toute la parole de l'enfant, et non de ce que les adultes veulent bien en sélectionner en fonction de ce dont ils ont envie, ou qu'ils craignent d'entendre», développe en préambule la cour d'appel dans son arrêt de 40 pages. Elle souligne «l'absence de témoin direct des faits» et «de tout élément matériel» permettant d'incriminer l'enseignant.
L'accusé, aujourd'hui âgé de 53 ans, avait une première fois été relaxé en 2019 par le tribunal correctionnel de Bonneville. Suspendu par l'Education nationale depuis novembre 2016, il avait clamé son innocence autant devant le tribunal en 2019 que devant la cour d'appel en mars. Les faits dénoncés avaient été datés entre septembre 2015 et novembre 2016.
«Invraisemblances»
L'accusation reposait principalement sur l'audition d'enfants de trois ou quatre ans par une adjudante de la gendarmerie, laissée «seule, sans le soutien et le regard extérieur d'un psychologue comme cela aurait été souhaitable», selon la Cour d'appel. L'arrêt souligne que des réponses à charge ont été induites par «la menace d'un désagrément» ou encore «la suggestion d'un conflit de loyauté», ce qui ne peut être considéré comme «un mode de preuve fiable et sérieux».
La cour évoque en outre des accusations «soit contradictoires, soit floues et imprécises, soit tissées d'invraisemblances» et des questions «systématiquement» orientées vers la culpabilité de l'enseignant. Elle dénonce par ailleurs «l'emballement médiatique suscité par l'enquête portant sur une suspicion de pédophilie au sein d'un établissement scolaire», tout en relevant «la bonne foi des parents des enfants».
L'avocate d'une des familles parties civiles, Me Christelle Abad-Pernollet, s'est dite «surprise» de cette décision mais a ajouté qu'elle soulevait la question du recueil de la parole d'enfants de cet âge par la justice. Du côté de la défense, Me Sylvain Cormier a évoqué la même difficulté : «Le drame de cette affaire, c'est qu'en raison de suspicions, on n'a pas voulu entendre la parole de ces enfants».