Justice vaudoise Alain Soral et homophobie: au tour du Tribunal cantonal de trancher

sj, ats

23.9.2023 - 13:20

L'idéologue d'extrême droite Alain Soral repasse devant la justice vaudoise. Son procès en appel pour homophobie devant le Tribunal cantonal se tient mercredi. En première instance, il avait été condamné pour diffamation à l'encontre d'une journaliste, mais pas pour discrimination et incitation à la haine, comme le soutenait alors le Parquet.

Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, 64 ans et domicilié à Lausanne depuis octobre 2019, est jugé à la suite d'une vidéo où il attaque une journaliste de La Tribune de Genève et de 24 heures ayant publié un article à son sujet en août 2021 qu'il estime à charge. (archives)
Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, 64 ans et domicilié à Lausanne depuis octobre 2019, est jugé à la suite d'une vidéo où il attaque une journaliste de La Tribune de Genève et de 24 heures ayant publié un article à son sujet en août 2021 qu'il estime à charge. (archives)
IMAGO/ABACAPRESS

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Echappant ainsi à la prison pour homophobie, le Franco-Suisse avait toutefois écopé de 30 jours-amendes à 50 francs et avait été condamné à verser 500 francs pour tort moral à la plaignante et à payer ses frais d'avocat fixés à 7000 francs. C'est le Ministère public qui a fait appel en février dernier contre le jugement du Tribunal d'arrondissement de Lausanne du 16 décembre 2022.

Dans sa plaidoirie, la dernière de sa carrière, l'ancien procureur général Eric Cottier avait alors requis trois mois de prison pour homophobie. Il avait justifié la prison ferme dans une «logique pénale» pour dissuader le pamphlétaire de récidiver, lui qui a déjà été condamné à une vingtaine de reprises en France, en grande partie pour des infractions liées à la provocation à la haine, diffamation et injure antisémite.

«Etablir une jurisprudence»

M. Cottier s'appuyait sur la nouvelle disposition du Code pénal (art. 261 bis), approuvée par le peuple en février 2020. Elle permet de sanctionner la propagation de la haine ainsi que les appels à la discrimination ou à la violence fondés sur l'orientation sexuelle, à l'instar des discriminations visant l'ethnie, la religion ou l'origine depuis la norme antiraciste introduite en 1995.

Son successeur Eric Kaltenrieder, en poste depuis le début de l'année et dont ce sera le premier réquisitoire mercredi, a maintenu cette appréciation. En déposant lui-même l'appel, il a réitéré que les déclarations d'Alain Soral étaient homophobes et incitaient à la haine et à la discrimination.

«Il est primordial que le Tribunal cantonal tranche cette question et établisse une jurisprudence», avait-il affirmé. Et de demander, tout comme l'avait fait son prédécesseur, que l'essayiste soit condamné à une peine de prison ferme de trois mois.

Réaction à un article de presse

Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, 64 ans et domicilié à Lausanne depuis octobre 2019, est jugé à la suite d'une vidéo où il attaque une journaliste de La Tribune de Genève et de 24 heures ayant publié un article à son sujet en août 2021 qu'il estime à charge.

Dans cette vidéo publiée sur le site internet de son association Egalité et Réconciliation (E&R), l'essayiste a notamment traité la journaliste de «grosse lesbienne» et «militante queer», insinuant que ce dernier terme voulait dire «désaxé». Celle-ci a déposé une plainte pénale en septembre 2021.

En première instance, le Tribunal d'arrondissement de Lausanne a estimé que dans le contexte précis de l'affaire, il n'était «pas évident qu'il y ait un état de détestation contre la communauté homosexuelle». Pour sa présidente, il s'agissait plutôt d'une «atteinte ciblée et réactionnelle» à l'encontre d'une journaliste.

La juge avait aussi rappelé que les propos litigieux n'occupaient qu'une minute d'une vidéo de 13 minutes environ. Elle avait encore relevé que les commentaires injurieux ou haineux sur le site, postés a posteriori de la publication de la vidéo, n'étaient pas le fait de M. Soral.