Faits divers Aller sur la tombe de son maître ou garder son bébé mort... Quand les animaux font leur «deuil»

AFP

27.10.2019 - 08:06

Pierre tombale au cimetière des chiens de Asnières-sur-Seine, photo du 22 octobre 2019
Pierre tombale au cimetière des chiens de Asnières-sur-Seine, photo du 22 octobre 2019
Source: AFP

Certains gardent leur bébé mort, d'autres se rendent sur la tombe de leur maître ou refusent de s'alimenter... les animaux sauvages et domestiques connaissent aussi une forme de «deuil» s'accordent à dire les professionnels.

«Les animaux sont des êtres sensibles. Les chats et les chiens ressentent la joie, la peine et la souffrance. Et c'est dans le deuil que l'on se rend compte à quel point ils réagissent. Certains vont même sur la tombe de leur maître», confie à l'AFP Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d'amis.

«La disparition du maître est un traumatisme majeur. Mais heureusement l'animal est toujours prêt à une nouvelle vie et le surmonte vite. Sinon que ferions-nous des animaux abandonnés que l'on doit replacer?«, relève-t-elle.

«Kim l'inconsolable a été l'un des premiers sujets de l'émission 30 millions d'amis en 1978. Le chien se rendait tous les jours sur la tombe de son maître et rentrait le soir. Il l'a fait jusqu'à sa mort. Il est mort d'ailleurs au cimetière», se souvient Reha Hutin.

En écho, «la perte d'un animal est aussi un deuil pour le maître car il fait partie de la famille», estime-t-elle. Le cimetière des chiens de Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) témoigne de l'attachement des hommes à leurs compagnons à quatre pattes.

- «Pas d'explication scientifique» -

«L'animal vit l'instant présent», assure Claire Bentolila, comportementaliste animalier, pour qui le «changement de comportement de l'animal peut s'expliquer par notre changement de comportement suite à la perte d'un proche, voire d'un animal».

Cette spécialiste interprète le «deuil» de l'animal par «l'absence du maître et des rituels mis en place». «Certains animaux créent des liens très forts avec leur maître et ils peuvent continuer les rituels mis en place s'ils ne savent pas que leurs maîtres sont morts», atteste-t-elle.

C'est l'histoire dans les années 20 du chien Hachiko, de race Akita, célèbre au Japon pour avoir, pendant près de dix ans, attendu quotidiennement son maître à la gare de Shibuya. Une statue à son effigie trône aux abords de cette gare depuis 1934.

Selon elle, l'absence du maître peut perturber l'animal, surtout le chat «très sensible à la vie et à la mort». «Si le chat sent que c'est bientôt la fin pour son maître, il peut refuser de s'alimenter et entrer dans une espèce de dépression».

Quant aux chiens qui vont sur la tombe de leur maître, «il n'y a pas d'explication scientifique, une odeur peut-être!»

- «Conscience de l'absence» -

Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO assure que «certains couples de cygnes, grues et tourterelles se font à vie. Et quand l'un meurt, l'autre ne s'accouple plus pendant une longue période».

«S'il n'y a pas la conscience de la mort pour les animaux, il y a la conscience de l'absence. Il est difficile de parler de deuil car cela implique la conscience de la mort. Jamais on ne démontrera qu'il y a conscience de la mort mais jamais on ne pourra démontrer le contraire pour beaucoup d'espèces», estime-t-il.

Le comte Paul de La Panouse, pionnier du «zoo safari» à Thoiry (Yvelines) affirme que chez les lions, «seuls félins à avoir une vie sociale», «la lionne qui perd un petit va le lécher et connaître un temps de +deuil+, même s'il n'est pas très long».

Lors de ses déplacement en Afrique, il se rappelle avoir vu «des éléphants revenir à l'endroit où un des leurs était mort». «Ils ont remué les ossements et sont restés autour», affirme-t-il.

Quant aux primates, surtout les grands singes, «la mère garde parfois son bébé mort avec elle et tente de le ranimer. Elle peut le garder jusqu'à ce qu'il se décompose», s'étonne-t-il. «Peut être un début de conscience d'être !»

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