L'interruption des traitements visant à maintenir en vie Vincent Lambert a débuté lundi matin. Une décision médicale qui a provoqué la colère de ses parents, dont les chances de faire stopper «cette folie» s'amenuisent.
La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), qui les avait déboutés le 30 avril, a de nouveau rejeté lundi leur demande, faute d'«élément nouveau».
Le président Emmanuel Macron, à qui ils avaient écrit samedi pour l'implorer d'intervenir, a lui répondu lundi qu'il ne lui «appartient pas de suspendre» l'arrêt des traitements, décidé, «en conformité avec nos lois», à quelques jours des élections européennes.
«Audience en urgence»
Le même jour, leurs avocats ont à nouveau saisi le Conseil d'État et annoncé une «audience en urgence» devant la cour d'appel de Paris, à la suite d'une décision du TGI de Paris vendredi. Autre action envisagée: devant le tribunal correctionnel de Reims à l'encontre du Dr Vincent Sanchez, qui a signé en avril 2018 la demande de fin des traitements et dont ils réclament la radiation.
C'est dans un mail adressé à la famille que ce chef du service de soins palliatifs de l'hôpital Sébastopol de Reims lui a fait part de «l'arrêt des traitements» et de «la sédation profonde et continue» de Vincent Lambert, 42 ans, tétraplégique en état végétatif depuis plus de dix ans. De sources médicales, le patient pourrait mourir d'ici quelques jours, voire deux à trois semaines.
Le médecin dit «espérer pour M. Vincent Lambert que chacun saura ouvrir une parenthèse et se rassembler, auprès de lui, afin que ces moments soient le plus paisibles, intimes et personnels».
Positions inconciliables
Une allusion aux positions inconciliables qui déchirent la famille depuis six ans: d'un côté, les parents, fervents catholiques, un frère et une soeur s'opposent à l'arrêt des traitements; de l'autre, son épouse Rachel, son neveu François et cinq frères et soeurs veulent mettent fin à cet «acharnement thérapeutique».
«C'est des monstres ! C'est des nazis ! (...) Ils sont en train de le 'sédater' (...) C'est un crime, c'est tout», a lancé depuis Viviane Lambert, la mère de Vincent, 73 ans, devant l'établissement, en larmes.
Une vidéo du patient a été diffusée lundi sur le site de Valeurs actuelles, présentée comme datant de dimanche, où la mère est au chevet de son fils. Les avocats de Rachel Lambert comptent déposer plainte pour atteinte à la vie privée.
Cette diffusion «n'est pas respectueuse pour la personne de Vincent», a réagi son neveu François Lambert, favorable à l'arrêt des traitements, qui se dit «assez serein, impatient que ça se termine».
Le pape prend position
Après la Conférence des évêques de France, le pape François a également pris position. «Prions pour ceux qui vivent dans un état de grave handicap. Protégeons toujours la vie, don de Dieu, du début à la fin naturelle. Ne cédons pas à la culture du déchet», a-t-il écrit lundi sur Twitter en différentes langues sans citer nommément Vincent Lambert.
Les parents, Viviane et Pierre, 90 ans, estiment que leur fils est handicapé, et doit être transféré dans un établissement spécialisé. Ils avaient organisé dimanche un rassemblement pour dénoncer une «euthanasie déguisée».
«Le coup de force continue, il est encore temps d'arrêter cette folie», ont réagi leurs avocats, Jean Paillot et Jérôme Triomphe.
Ils entendent contraindre la France à appliquer les «mesures conservatoires» d'un organisme de l'ONU, le Comité des droits des personnes handicapées (CDPH), qui lui a demandé de surseoir à l'arrêt des soins, dans l'attente d'un examen du dossier sur le fond.
«Dans le cadre de la loi»
Ils mettent en avant notamment le dernier rapport d'experts mandatés par la justice, rendu fin 2018. Ces derniers avançaient notamment que la condition médicale de M. Lambert «n'appelle aucune mesure d'urgence» et qu'«il existe en France des structures pouvant l'accueillir jusqu'à sa disparition».
Ces mêmes experts affirmaient toutefois que son «état végétatif chronique irréversible» ne lui laisse plus «d'accès possible à la conscience».
La France martèle que les mesures conservatoires préconisées par le CDPH «sont dépourvues de caractère contraignant» et met en avant le «droit du patient à ne pas subir d'obstination déraisonnable».
L'interruption des traitements, la quatrième depuis 2013, a été validée par le Conseil d'État fin avril et les parents ont multiplié en vain les recours depuis.
Père de la loi de 2016 régissant la fin de vie, Jean Leonetti, également premier vice-président LR, estime au contraire que l'arrêt des soins de Vincent Lambert s'inscrit bien «dans le cadre de la loi». Vincent Lambert n'a pas laissé de directives anticipées. Son épouse et son neveu affirment que cet ancien infirmier avait pris position contre tout acharnement thérapeutique.
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