Assassinat à Genève«J'étais comme une poupée télécommandée»: une victime témoigne
aula, ats
9.12.2024 - 18:47
Les plaignants et les victimes ont commencé à témoigner lundi dans le procès de l'assassinat d'un diplomate égyptien en 1995 à Genève. Le Tribunal pénal fédéral a entendu une ancienne compagne du prévenu, victime de viols et de séquestration notamment, ainsi que d'un de ses collègues qui aurait été agressé.
Keystone-SDA, aula, ats
09.12.2024, 18:47
ATS
Devant la Cour des affaires pénales, le premier plaignant a expliqué comment il avait raccompagné sa collègue à son domicile après avoir remarqué que celle-ci n'était pas dans son assiette: elle se disait «fliquée par son ex». Sur place, il s'était retrouvé face à l'accusé, un vendeur de voitures de 55 ans aujourd'hui, qui l'aurait traité notamment de «connard» et menacé de mort, avant de le précipiter dans les escaliers de l'entrée.
Sa collègue lui avait alors expliqué que son ancien compagnon était un type dangereux, qui était impliqué dans divers délits et s'était vanté d'avoir commis un assassinat. Craignant pour lui et pour sa famille, le témoin a porté plainte «car il croit en l'Etat de droit» en Suisse.
Sous emprise
En fin d'après-midi, la Cour des affaires pénales a commencé à entendre cette plaignante, victime de viols et de séquestration de la part du prévenu. Elle a déclaré combattre aujourd'hui encore l'emprise de ce dernier. Comme son collègue, elle a demandé à ce que l'intéressé ne soit pas présent dans la salle durant sa déposition.
Avec des sanglots dans la voix, elle a décrit comment l'idylle avait tourné à la descente aux enfers, démarrant par des disputes et des violences verbales puis physiques lorsque son amant est sorti de la prison de Champ-Dollon en 2013.
Bousculades, gifles – ancien videur, l'homme est costaud -, coups de pied et violences sexuelles, la femme a parlé d'un processus de destruction. «J'étais comme une poupée télécommandée. Tout en moi disait non, mais au final je le faisais quand même.»
La plaignante a exprimé la peur qui la tenaille toujours face aux menaces qui n'ont pas cessé. «Tu as raison d'avoir peur», «La vengeance est un plat qui se mange froid», a-t-elle entendu, ajoutant qu'elle avait toujours peur que cet homme, «qui se croit invulnérable et toujours plus malin que les autres», s'en prenne à elle et à son fils.
Sauter du cinquième étage
Auparavant, une autre amie du prévenu a raconté comment une querelle à propos d'une voiture avait dégénéré. L'homme l'aurait menacée au téléphone puis se serait venu fracturer sa porte. La femme a indiqué qu'elle était prête à se jeter du cinquième étage en raison de violences physiques et psychologiques subies jusque-là.
En larmes, la plaignante a indiqué pour la première fois devant la justice qu'elle avait été séquestrée dans un café à Genève en 2021. A la suite d'une dispute dans la rue, l'accusé l'aurait emmenée à la cave, jetée au sol par un balayage dans les jambes et rouée de coups. Il lui reprochait de «l'exposer» alors que la procédure pour assassinat était en cours.
Après, ils avaient fait un détour pour éviter la rue et l'accusé lui disait de «marcher normalement». «J'avais très mal aux jambes», a-t-elle indiqué. Elle n'en a pas parlé jusque-là, «par peur, par honte, pour ma fille.»
Pourtant, le couple s'est reformé plusieurs mois plus tard. «Je sentais toujours sa présence», a expliqué la victime. «Je préférais l'avoir près de moi plutôt que de me sentir surveillée».
Déjà condamné en France et en Suisse, le vendeur de voitures est prévenu d'assassinat, de plusieurs viols, de lésions corporelles simples, de menaces, de représentation de la violence et de pornographie. Il répond aussi de divers délits financiers. Sa coaccusée, âgée de 49 ans, répond de complicité d'assassinat.
Les deux prévenus sont présumés innocents jusqu'à l'entrée en force d'un jugement définitif. Le procès se poursuit cette semaine.