Paris Accusé d'un attentat en 1980, il est condamné à la perpétuité

ATS

21.4.2023 - 17:50

L'unique accusé de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris le 3 octobre 1980, a été condamné vendredi à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises spéciale. L'attentat avait fait quatre morts et des dizaines de blessés.

Les lieux de l'attentat à la bombe contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, le 3 octobre 1980. 
Les lieux de l'attentat à la bombe contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, le 3 octobre 1980. 
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Keystone-SDA

Après trois semaines de débats et près de huit heures de délibéré, la cour d'assises spéciale de Paris a tranché entre les deux seules options possibles. Elle a reconnu l'accusé coupable et a condamné l'universitaire libano-canadien Hassan Diab à la peine maximale et décerné un mandat d'arrêt à son encontre.

La décision a été accueillie dans un grand silence dans la salle d'audience où s'étaient pressées quelques parties civiles, qui avaient réclamé que «justice se fasse» après quatre décennies d'attente. Dès la fin du délibéré, des victimes se sont longuement serrées dans les bras.

Longue mise en sommeil

L'accusation avait requis la perpétuité, la seule «envisageable» pour Hassan Diab, qui est selon elle, «sans aucun doute possible», l'auteur de cet attentat antisémite, et le seul mis en cause dans ce dossier, l'un des plus longs de l'antiterrorisme français. La défense avait, elle, plaidé l'acquittement, demandant aux cinq magistrats professionnels d'"éviter une erreur judiciaire».

Le dossier s'appuie essentiellement sur des renseignements, qui ont attribué dès les années 1980 l'attentat – qui n'a pas été revendiqué – au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe dissident du FPLP.

Après une longue mise en sommeil de l'instruction, de nouveaux renseignements désignaient en 1999 les membres présumés du commando, dont Hassan Diab comme celui qui aurait confectionné la bombe avant de l'abandonner devant la synagogue.

Photos

De cet insaisissable accusé, dont la chaise est demeurée vide dans le prétoire, la cour n'aura vu que des photos en noir et blanc à divers âges de sa vie, les confrontant avec les portraits-robots de l'homme qui avait acheté la moto utilisée pour l'attentat, dessinés par des témoins en 1980.

Défense et accusation auront surtout bataillé autour d'une autre photographie, celle de piètre qualité du passeport d'Hassan Diab, au coeur de l'accusation. Ce passeport comportant, à des dates entourant l'attentat, des tampons d'entrée et de sortie d'Espagne, pays d'où serait parti le commando selon les renseignements, avait été saisi en 1981 à Rome sur un membre présumé du FPLP-OS. Son existence n'avait été révélée que 18 ans après les faits.

La cour a considéré que cette «pièce centrale» prouvait l'appartenance d'Hassan Diab à cette organisation et que «des éléments matériels accréditent le renseignement» le désignant comme le poseur de la bombe.

Explications «peu crédibles»

Elle a par conséquent écarté les «alibis» présentés par l'accusé, qui a toujours assuré qu'il ne pouvait être en France au moment des faits puisqu'il passait ses examens à l'université de Beyrouth.

Les explications «variables» et «peu crédibles» d'Hassan Diab sur ce passeport «prétendument perdu» n'ont pas emporté la conviction de la cour, a souligné son président, Christophe Petiteau.

La défense avait rétorqué, en vain, qu'"aucun élément matériel, aucune preuve» ne permettait d'attester de la présence de l'ancien étudiant de sociologie à Paris lors de l'attentat.

Non-lieu en 2018

Hassan Diab avait dans un premier temps bénéficié d'un non-lieu en janvier 2018. Remis en liberté, il était reparti au Canada. Ce non-lieu avait été infirmé trois ans plus tard par la cour d'appel, qui avait ordonné la tenue de ce procès pour assassinats, tentatives d'assassinats et destructions aggravées en relation avec une entreprise terroriste.

«Les voies de recours ne pourront être effectives que le jour où le mandat (d'arrêt) sera notifié» à Hassan Diab, a précisé le président du tribunal. L'issue d'une éventuelle nouvelle procédure d'extradition est incertaine, la première, qui avait abouti au bout de six ans, ayant tendu les relations diplomatiques entre Paris et Ottawa.