«Faire un carnage» Attentat manqué près de Notre-Dame: 30 ans de réclusion requis

ATS

4.6.2021 - 21:43

Sa «détermination» à faire «un carnage» était «totale»: l'accusation a requis vendredi trente ans de réclusion criminelle contre Inès Madani. Elle était jugée en appel devant les assises spéciales de Paris pour un attentat manqué aux bonbonnes de gaz près de Notre-Dame en septembre 2016.

Le parvis de Notre-Dame, fermé depuis l'incendie de la cathédrale il y a plus de 13 mois, a rouvert dimanche, un symbole.
Le parvis de Notre-Dame, fermé depuis l'incendie de la cathédrale il y a plus de 13 mois, a rouvert dimanche, un symbole.
KEYSTONE/AP/Thibault Camus

Keystone-SDA

L'avocat général Guillaume Portenseigne a sollicité la confirmation de la peine infligée en octobre 2019 mais demandé qu'elle soit, cette fois, assortie d'une période de sûreté des deux tiers.

En première instance, la cour d'assises spéciale n'avait pas prononcé de période de sûreté à l'encontre d'Inès Madani, âgée de 19 ans au moment des faits.

C'est «une erreur», a estimé le représentant du parquet général, insistant sur l'absence, chez l'accusée, de «signes exceptionnels de déradicalisation».

«Un peu d'espoir»

Soulignant au contraire «l'évolution» d'Inès Madani en cinq ans, ses avocats Daphné Pugliesi et Tewfik Bouzenoune ont demandé à la cour «un peu d'espoir», avec une peine «un peu en-dessous de trente ans, vu sa totale reconnaissance des faits, vu son jeune âge».

«Elle a assumé» cette tentative d'attentat et «c'est tellement rare» dans les dossiers terroristes, a martelé Me Pugliesi.

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, Inès Madani et une autre jihadiste, Ornella Gilligmann, avaient garé une voiture piégée de six bonbonnes de gaz devant la terrasse bondée d'un restaurant près de Notre-Dame de Paris, et essayé de l'incendier avec du gasoil.

Seul ce mauvais choix de ce carburant, difficilement inflammable, a permis d'éviter une explosion meurtrière. Ornella Gilligmann n'a pas fait appel de sa condamnation à 25 ans de réclusion criminelle, qui est donc définitive.

«Faire un carnage»

Pendant toute la procédure, et de nouveau lors des débats devant la cour d'assises spéciale statuant en appel, Ornella Gilligmann et Inès Madani se sont renvoyé la responsabilité et les préparatifs de cette attaque, inspirée par le propagandiste français de l'Etat islamique (EI), Rachid Kassim.

«Il y a des vérités qui nous échapperont. J'ai envie de dire: peu importe», a balayé l'avocat général. Les deux femmes voulaient commettre «un attentat de masse», qui a été «préparé, prémédité», a appuyé le magistrat. Cette nuit-là, a-t-il souligné, «l'objectif était évidemment de faucher le plus de vies possible, de faire un carnage», comme l'a reconnu Inès Madani.

«Aucune faiblesse»

Pour l'avocat général, condamner Inès Madani, comme Ornella Gilligmann, à moins ans de trente ans de réclusion criminelle et sans période de sûreté serait «totalement inconcevable».

Alors que la seconde «s'est arrêtée là» après l'attentat raté aux bonbonnes de gaz, Inès Madani a poursuivi son projet criminel, a pointé M. Portenseigne.

Guidée par Rachid Kassim, elle avait rejoint deux autres femmes jihadistes à Boussy-Saint-Antoine pour préparer une attaque aux cocktails Molotov. Se sachant traquée par la police, Inès Madani avait été interpellée dans cette commune de l'Essonne le 8 septembre 2016 alors qu'elle se dirigeait, un couteau de cuisine à la main, vers un policier. Celui-ci a tiré à quatre reprises sur elle et l'a blessée aux jambes.

Jusqu'au bout, «sa détermination est sans failles et ne faiblira jamais. Il n'y a aucune preuve de faiblesse dans ce dossier», a estimé l'avocat général.

Verdict lundi.